Afrique et monde arabe, les nouvelles priorités
Après son repli, annoncé comme « stratégique », RFI reprend l’offensive en direction de ses deux nouvelles cibles prioritaires, désormais clairement affichées : l’Afrique subsaharienne et le monde arabe. Sur le « front » africain,
un nouveau service en haoussa avait été lancé dès 2007, sous la présidence d’Antoine Schwartz. En 2010, c’est le swahili qui devient la treizième langue de diffusion de RFI. Dans les deux cas, on a évité soigneusement de créer une nouvelle rédaction parisienne pour les langues en question. Le service en haoussa est assuré par une équipe coordonnée par une journaliste de RFI mais recrutée et installée au Nigeria, en partenariat avec la Voice of Nigeria, radio internationale de ce pays. C’est un partenariat du même type, avec la Tanzanian Broadcasting Corporation, qui a permis le lancement de la
diffusion en swahili. En mai 2010, RFI peut annoncer, « pour la première fois depuis cinq ans », une progression de son
audience en Afrique subsaharienne. La
diffusion en haoussa y contribue en faisant grimper l’audience au Niger. La part de marché de RFI en Afrique francophone est passée de 24 à 25 %. Un tel chiffre s'explique par la multiplication des relais FM (82, dans vingt-deux pays) et l'obtention d'audiences record dans certains pays (55 % au Gabon, 47 % en Mauritanie). La part de marché actuelle de RFI en Afrique francophone est difficile à dépasser et même à maintenir, compte tenu de deux types de facteurs : la montée en puissance et la professionnalisation des radios locales africaines (phénomène observé en particulier au Sénégal, notamment avec Radio Futur Média ) ; les tensions politiques qui peuvent amener les autorités à bloquer les relais de diffusion en modulation de fréquence, comme cela a été le cas en 2008 en Côte d’Ivoire, puis en 2009 en République démocratique du Congo, où RFI a été accusée d’ « atteinte au moral des forces armées ».
On constate, toutefois, que l’attachement des auditeurs d’Afrique francophone à Radio France Internationale est tel que la radio retrouve son public même après une longue coupure d’antenne. Ainsi, RFI, qui avait 500 000 auditeurs quotidiens à Abidjan en 2002 en compte 77 000 de plus en 2010, bien que ses émissions en modulation de fréquence aient été interrompues pendant près d’un an en 2005-2006, puis de nouveau en 2008.
La familiarité de RFI avec son auditoire africain et sa crédibilité sont telles que cette radio avait, en RDC, peu de temps avant la coupure de ses émetteurs, une audience supérieure à celle de Radio Okapi, la radio des Nations Unies, dotée d’un budget de dix millions de dollars par an. « Pourtant, souligne
Anne-Marie Capomaccio, chef du service Afrique, nous avions un seul correspondant pour couvrir l’actualité du pays avec quelques journalistes du desk, tandis qu’Okapi alignait cent journalistes sur le terrain ».
(1) Sources : enquêtes TNS-Sofres et TNS-Sofres/Africascope de 2009 et 2010 ; la faible audience constatée à Madagascar s’explique par l’insularité, avec un intérêt moindre pour le contenu africain des informations et des programmes de RFI, ainsi que par des horaires de diffusion peu adaptés, compte tenu de la situation géographique de la Grande île, qui reçoit le même signal que l’Afrique centrale.
Au Maghreb, ainsi qu’au Proche et Moyen-orient, la diffusion en arabe de RFI s’opère sous le label Radio Monte Carlo Doualiya (dite MCD). Cette filiale a perdu près de cinq millions d’auditeurs entre 2006-2007 et 2008, selon les mesures d’audience réalisées entre ces deux périodes. Une contre-offensive est lancée en 2010 et, grâce à un budget en hausse de 35 % et à l’implantation de trois nouveaux émetteurs, MCD parvient à regagner 2,6 millions d’auditeurs. La diffusion en arabe est sans doute le secteur où les synergies voulues par la direction de la holding « Audiovisuel extérieur de la France » fonctionnent le mieux. MCD et France 24 ont le même site Internet et multiplient les collaborations rédactionnelles.