Silicon Valley : critique du libéralisme numérique
Pour l’écrivain Éric Sadin, l’organisation algorithmique de nos sociétés est un fait total, aspiration ultime d’un technolibéralisme qui fait, dangereusement, consensus.
Pour l’écrivain Éric Sadin, l’organisation algorithmique de nos sociétés est un fait total, aspiration ultime d’un technolibéralisme qui fait, dangereusement, consensus.
La Silicon Valley est le centre ordonnateur d’un modèle civilisationnel désormais partagé par tous et porteur d’un anti-humanisme radical. C’est le constat dressé dans cet essai publié dans une collection revendiquée elle aussi comme radicale (« Pour en finir avec », aux éditions L’Échappée) et qui représente le deuxième ouvrage français majeur sur le sujet en quelques mois, après celui, bien plus nuancé, de la sociologue Monique Dagnaud.
Cette cinquième Silicon Valley, c’est l’« acmé du positivisme » (p. 87) et de la rationalité techno-scientifique, qui s’impose comme « un fait structurel inéluctable ». Elle est « jonchée d’une infinité d’"innovations" destinées à combler toutes les lacunes de la Création » (p. 93), y compris l’humain lui-même, qu’elle vise à réguler et finalement, à éradiquer. Car ce qui se joue ici et qui est décrit sur toutes ses facettes par Éric Sadin, c’est un technolibertarisme dont l’ethos est de « capitaliser sur chacun de nos souffles » en vue d’« horizons virtuellement infinis de profits » (p. 108).
L’obsolescence de l’homme est actualisée avec le pouvoir, désormais « sans limites », du libéralisme numériqueCar, derrière le contrôle de pans entiers d’activités humaines par les algorithmes, est en train de naître le « guidage robotisé des gestes » (p. 110) : c’est la fin de notre jugement subjectif, c’est un humain qui se met en mode « auto-pilote » et devient un « managé ». Les données qu’on collecte de lui ne permettent pas d’améliorer sa vie en lui trouvant des « recommandations pertinentes » : elles dépolitisent tout et au travail, dans l’industrie, dans notre vie quotidienne, nous régissent par des « prescriptions automatisées ». L’obsolescence de l’homme : l’observation théorisée dès les années 1950 avec Günther Anders est ici actualisée avec le pouvoir, désormais « sans limites », du libéralisme numérique, et qui s’insinue, comme le décrit Éric Sadin, dans tous les registres de notre vie, santé et sommeil inclus.
Le mérite de l’ouvrage de Sadin est à l’évidence de s’intéresser aux conceptions politiques et économiques à l’œuvre derrière les discours sur la technique. Il se présente d’ailleurs lui-même comme un « auteur lanceur d’alerte », écrivain dont le « souci de précision, de clarté et d’élégance de la langue » s’oppose à la « rhétorique vulgaire colportée par le monde numérico-industriel » (p. 37). Malgré sa tendance à « picorer » dans la critique technologique classique (sont invoqués ci et là Gilbert Simondon, Jacques Ellul, François Jarrige) plutôt qu’à la digérer en profondeur, le contre-discours proposé et le « Grand Refus » qu’il oppose solennellement (pp. 230-242) aux capteurs et aux objets connectés, comme l'avait fait Herbert Marcuse avant lui face à la société de consommation, forment une critique systémique et tournée vers le réel bienvenue.
red TURNER, Aux sources de l’utopie numérique, éditions C&F, 2012."
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