La diversité médiatique au Somaliland sous l’égide d’un code de conduite
L’environnement médiatique au Somaliland est en expansion ces dernières années. On estime que 83 % des médias sont privés. Ces dernières années, les médias papiers et électroniques ont considérablement évolué. Toutefois, le nombre de titres de la presse papier fluctue. Seule une dizaine de médias publie de manière régulière. Les articles publiés sont souvent critiques à l'égard du gouvernement, mais leur portée reste limitée en raison du coût relativement élevé des impressions et du niveau d'alphabétisation tant des journalistes que de la population.
La radio reste le média le plus accessible et le plus utilisé pour émettre les informations. La création de stations de radio indépendantes est interdite, le gouvernement ayant été réticent à libéraliser le secteur, alléguant le danger qu’elles pourraient provoquer dans une région à forte dominante clanique. Cette réticence du gouvernement peut s’expliquer par une volonté de maîtrise de l’information sur l’ensemble du territoire, la population s’informant principalement par la radio, alors que le taux d’illettrisme est élevé.
Le gouvernement maintient depuis quelques années qu'il délivrera des licences dès que la législation le permettra.
Radio Hargeisa est la station FM principale qui émet sur l’ensemble du territoire, bien que la BBC soit disponible. Il y a eu une croissance faible mais notable des stations de radio sur Internet fonctionnant à la fois au sein du Somaliland et parmi la diaspora.
La télévision reste un des médias les plus influents au Somaliland. Il existe une station de télévision publique appartenant au gouvernement, la Somaliland National Television (SLNTV). D’autres télévisions coexistent. Elles sont au nombre de quatre : Space Channel, Bulsho, Horn Cable et la télévision Rayo basée à Borama. Cependant, un certain nombre de stations satellites en langue somalienne, telles que Horn Cable TV et Universal TV, sont diffusées à partir du Moyen-Orient et de Londres. Elles sont à la fois accessibles et influentes.
Les TIC représentent une part non négligeable des communications. La pénétration d'Internet et surtout l'usage du téléphone mobile sont en hausse ces dernières années. Sur l’ensemble du territoire de la Somalie, on estime que seulement 1,6 % de la population avait accès à Internet en 2014, mais on ne comptait pas moins de 51 abonnements mobiles pour 100 habitants, ce qui augmente les perspectives de croissance future des services Internet Mobile. Les applications mobiles servent pour beaucoup à payer les achats au Somaliland.
Les principaux médias sont majoritairement installés à Hargeisa dans ce qu’on appelle communément les maisons des médias. Elles ont appliqué et respecté le Code de conduite médiatique signé par la NEC (National Election Commission) en avril 2010 et octobre 2012 pour les élections présidentielles et locales. Il énonce non seulement les principes généraux, les codes et l’éthique applicables, mais aussi les droits et les responsabilités des médias lors de l'inscription des électeurs et des processus électoraux. La violence électorale régionale et limitrophe (notamment au Kenya) a enjoint le gouvernement à prendre des mesures de prévention à travers ce code de conduite des médias. Cette violence peut survenir à chacune des trois phases électorales ou au cours de l’une d’entre elles : la phase pré-électorale, les jours proches de l'élection ou ceux suivants la tenue de l'élection. Sa manifestation est le plus souvent circonscrite autour des phases pré et post-électorales, compte tenu que le jour du scrutin se déroule généralement paisiblement. Le résultat des élections, comme bien souvent en Afrique, cristallise des tensions que les médias contribuent désormais à canaliser.
Malgré des freins persistants à la circulation des informations, le paysage médiatique du Somaliland n’en est pas moins varié, et la population du pays a accès à des sources d’information diversifiées.
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Crédits :
Illustration
Alice Meteignier - Ina.