De l’abondance au premium
Le leader mondial de la vidéo à la demande avec abonnement est ainsi passé d’une stratégie d’abondance des contenus à une stratégie haut de gamme, avec des programmes premium et des accords d’exclusivité.
Jusqu’à présent, Netflix tentait de fournir l’offre de films, de séries et de documentaires la plus exhaustive possible. Une stratégie très coûteuse, synonyme de milliards de dollars d’investissements annuels, mais payante. Le service a su s’imposer comme la référence mondiale du streaming vidéo et ne cesse de gagner de nouveaux abonnés. Mais tandis qu’il fallait, pour le développement du marché, un catalogue très fourni pour inciter les clients à souscrire à un abonnement et les détourner des bouquets des chaînes câblées, aujourd’hui il s’agit désormais de monter en gamme avec du contenu que les abonnés ne trouveront pas ailleurs. Pour se distinguer de la concurrence et pousser à l’abonnement, Netflix mise ainsi sur les contenus originaux depuis 2013, avec un rythme de sortie des nouveaux programmes qui s’accélère.
Netflix a décidé de s’acheter une image de marque en investissant des milliards de dollars dans ses séries originales
Dans un contexte où le géant américain pouvait être perçu comme «
le grand méchant loup », celui-ci a aussi judicieusement décidé de s’acheter une image de marque en investissant des milliards de dollars dans ses séries originales. Il s’agissait d’obtenir la reconnaissance du milieu et de ses abonnés en produisant des séries de qualité. Cette
qualité des contenus devait entraîner la
quantité des consommateurs. Et, la marque a complètement réussi à sublimer son activité poussiéreuse de distributeur/diffuseur en mettant l’accent sur ses activités de producteur.
Comme dans toute guerre, la communication est un élément déterminant. Ainsi, « Netflix n’a pas inventé la SVOD mais a inventé le marketing de la SVOD – et la manière d’en parler (…). Dès que Netflix balance une information, que ce soit un accord avec un réalisateur, une petite phrase de Reed Hastings ou de son directeur des algorithmes, elle est immédiatement reprise dans le monde entier »,
analyse Pascal Lechevallier.
Afin de proposer un service haut de gamme, Netflix est également très attentif à la consommation des œuvres piratées pour savoir quels droits acquérir. Et, il utilise les données sur l’usage de son propre catalogue, via son fameux algorithme, pour savoir quoi produire. Une stratégie au plus près des attentes du consommateur, rendue nécessaire par la féroce compétition du secteur.
Mais, au-delà du fait que le contenu qualitatif permet de fidéliser les abonnés et d’en capter de nouveaux, les séries ont également l’avantage non négligeable de ne pas être soumises aux contraintes de la chronologie des médias.