Aujourd’hui, donc, le
New York Times n’a plus de médiateur. Celui-ci a été remplacé par un
reader center. Dans un post de blog, Cliff Levy, rédacteur en chef adjoint du
New York Times, explique que ce nouveau service, dirigé par Hanna Ingber, une journaliste expérimentée,
a pour mission d’établir des liens encore plus forts avec les lecteurs, et de permettre de « capitaliser sur les connaissances et l’expérience » de ceux-ci afin d’améliorer le travail des journalistes. Il s’agit d’accueillir et de valoriser les recommandations et les commentaires du public, ou même de transmettre des recommandations de sujets. « Le
Reader center privilégie une logique qui se situe entre la co-production avec le public et le marketing éditorial »,
a expliqué le sociologue des médias Jean-Marie Charon dans une interview à
Télérama. On peut prendre comme exemple ce qu’a fait le
reader center à propos d’un article du
New York Times portant sur le
bubble tea. Celui-ci, publié le 16 août,
abordait la croissance des enseignes et des marques s’intéressant à la boisson. Le lendemain, l’article est mis à jour avec cette mention: « Note de la rédaction: Une version antérieure de cet article a suscité la critique des lecteurs et nous avons depuis révisé l'article en réponse. Nous en avons discuté plus en détail ici », avec un lien hypertexte qui mène
à un article du reader center intitulé « Nos lecteurs nous interpellent à propos du
bubble tea. Ils ont raison ».
Le reader center du New York Times a aussi mis en place une page intitulée « nous voulons avoir de vos nouvelles »
L’auteure, Elen Pollock, cheffe de la rubrique
business, tient à s’excuser : « Certains lecteurs ont eu l’impression, en lisant l'article, que nous venions de découvrir le
bubble tea, explique-t-elle. D'autres ont trouvé que nous décrivions la boisson, créée à Taïwan, comme étrange et étrangère […] ». Le
reader center a aussi mis en place une
page intitulée «
We Want to Hear From You » (« nous voulons avoir de vos nouvelles ») où les lecteurs peuvent proposer des sujets, envoyer leur
feedback, des questions sur les méthodes des journalistes… ou évoquer des problèmes avec leur abonnement. Le service s’engage à donner une réponse rapide, ce qui donne l’impression d’avoir affaire à un service après-vente chargé de répondre aux clients mécontents, à juste titre. Ce qui s’éloigne de ce que proposent les
public editors et les médiateurs, qui prennent parfois beaucoup plus de temps pour rédiger une réponse, enquêter, poser des questions à leurs collègues et offrir une analyse critique du travail journalistique.