Photographie d'un couple de buralistes à Illiers-Combray dans l'ouest de la France tendant des journaux de presse locale à un consommateur hors-champ, le 26 mars pendant le confinement dû à l'épidémie de Covid-19

Couple de buralistes à Illiers-Combray dans l'ouest de la France pendant le confinement dû à l'épidémie de Covid-19.

© Crédits photo : Jean-François Monier / AFP.

Témoignages : comment le confinement a changé la façon dont vous vous informez

L’épidémie du Covid-19 bouleverse nos modes de vie et de travail. Une vingtaine de lectrices et lecteurs nous ont raconté l’impact de cette crise, et du confinement, sur leur manière de s’informer. Entre statu quo, changements, anxiété, attentes et critiques.

Temps de lecture : 13 min

Depuis le mardi 17 mars 2019, la France est confinée. Il est ainsi demandé aux citoyens du pays de rester chez eux — sauf exceptions. Une partie des journalistes continuent leur travail et les médias se sont adaptés, ce qui peut mener, comme dans le cas du quotidien suisse Le Temps, à ce que la rédaction soit 100 % en télétravail. À crise majeure, traitement hors du commun : le Covid-19 et le coronavirus occupent massivement les médias, comme nous l’avons montré dans cette étude pour la semaine du 16 au 22 mars, ou, dans cette autre étude sur la semaine du 23 au 29 mars. Un « blast » qui dure depuis et semble ne pas vouloir, ou pouvoir, se tarir.

En complément de ces différents articles, nous avons décidé de vous demander à vous, lecteurs, ce que le confinement changeait dans votre manière de vous informer.

Garder ses habitudes

Il y a d’abord celles et ceux pour qui cette crise ne change rien. C’est le cas notamment de Florian, 24 ans, technicien vidéo qui habite à Paris et continue d’aller régulièrement au kiosque pour chercher son journal. « Le confinement ne modifie pas pour le moment ma façon de m'informer, dans la mesure où je lis majoritairement la presse, L'Humanité en particulier. On prend le temps, on s'informe, on reste curieux. Le journal permet par ses rubriques de traiter plusieurs thèmes d'information, de prendre du recul, contrairement à certaines chaînes d'information en continu qui parlent surtout du virus à longueur de sujets. »

 « Il est important de prendre du recul et de choisir ses sources »

— Valentin, commercial à Lille

Valentin, 26 ans, commercial à Lille, n’estime pas non plus avoir changé sa façon de s’informer. Le jeune homme explique suivre l’actualité « plus assidûment que d'habitude afin de suivre l'avancement de la situation », tout en privilégiant comme d'habitude « des médias indépendants », qui pour lui sont « plus transparents dans leur diffusion de l'information ». « Il est important de prendre du recul et de choisir ses sources plutôt que de s'attarder sur toutes les sources d'informations disponibles, qui pourraient altérer notre jugement et contribuer à alimenter des fake news qui n'ont pas lieu d'être », complète-t-il. Et de souligner l’importance de s’informer, « mais pas n'importe comment avant d'en parler autour de soi et de propager des informations qui pourraient avoir un impact négatif autour de nous .

Cathy, animatrice socio-culturelle à Coye-la-Forêt (Oise) âgée de 58 ans, raconte, elle aussi, ne pas avoir vraiment modifié ses habitudes d’information. « Je vis sans téléviseur depuis quinze ans, c'est un choix. Je n'écoute pas non plus la radio, même dans mon véhicule », témoigne-t-elle. Ardente lectrice, « elle évite cependant les magazines et les journaux de presse quotidienne. » Si elle s’informe en visitant le site internet de franceinfo, ainsi que celui du gouvernement, Facebook n’est pour elle qu’un lieu de divertissement. « Le nombre d'inepties que l'on peut y lire démontre le non-sérieux de ce réseau social. Je ne me connecte sur aucun autre », tranche-t-elle.

Tout changer en profondeur

D’autres personnes nous ont assuré avoir changé leur manière de s’informer parce que la situation actuelle l’imposerait. C’est par exemple le cas de Vincent, cheminot à Paris âgé de 30 ans. Il garde sa fille pendant que son épouse part travailler à l’hôpital, et raconte consulter beaucoup plus souvent les réseaux sociaux, notamment Twitter et Instagram, ainsi que Facebook, « mais plus pour communiquer avec mes amis et ma famille ». Vincent nous explique aussi lire beaucoup d’articles de journaux en ligne. « Je m’informe peu via la télé, mais comme à mon habitude, ajoute-t-il, nous l’avons seulement allumée pour les discours du président. » Il écoute des podcasts avec sa fille et mets des vidéos sur YouTube pour l’occuper. « Le soir, j’écoute via podcast la radio comme l’émission Par Jupidémie de France Inter, et je pense que je vais en découvrir des nouveaux ces prochains jours. »

Peggy, elle, a bouleversé ses habitudes avec l’épidémie de Covid-19. Âgée de 40 ans, cette Parisienne responsable communication et affaires publiques nous précise sa nouvelle routine. À la télévision, pas de chaînes d’information en continu. Elle a de plus coupé toutes les alertes push sur son smartphone, « sauf France TV Info, Le Monde et Libération », et se déclare plus en demande d’articles de presse locale et de médias internationaux, « afin de voir comment la pandémie se développe et quelles sont les mesures prises à travers le monde ». Peggy ne regarde Twitter que trois fois par jour, entre 15 et 20 minutes, « afin de se préserver au maximum des fake news et de la caisse de résonnance négative que peut être » le réseau social de microblogging. Elle ne va d’ailleurs presque plus sur Facebook, pour s’épargner « les publications des contacts qui sont à la fois constitutionnalistes, tacticiens, épidémiologistes, avocats, juges, procureurs et réincarnation de Schopenhauer ». Dans le même temps, Instagram trouve ses faveurs : « C’est assez formidable en cette période, puisque les lives vidéo sont une source inépuisable d’échanges bienveillants, de contact et de créativité. » Comme Vincent, elle consomme de nombreux podcasts, ce qu’elle ne faisait pas auparavant. « Je réapprends à écouter, dit-elle, pas seulement à entendre ».

« Les chaînes d’information continue, qui sont à la pointe de l’évolution de la situation »

— Manuel, contrôleur technique automobile

Manuel, 44 ans, contrôleur technique automobile résidant à Dainville (Pas-de-Calais), explique avoir lui aussi fait évoluer sa manière de s’informer depuis la mise en place du confinement. « Je privilégie la presse numérique au détriment du quotidien papier, plus difficile d’accès avec les restrictions de déplacement. Je regarde également les chaînes d’information continue, qui sont à la pointe de l’évolution de la situation. »

De son côté, si Ludwig, 37 ans, collaborateur parlementaire à Bourges (Cher), explique avoir peu changé ses habitudes — sa principale source d’information restant France Culture —, il reconnaît avoir commencé à utiliser plus régulièrement l’application mobile du Monde. « Je peux la consulter n’importe quand, notamment quand ma fille de deux ans me sollicite moins. C’est cette source que j’ai davantage utilisée, pour sa fiabilité et pour sa commodité ». Il nous précise également ne pas vouloir « regarder les médias télé et le caractère anxiogène des images », qui n’apportent selon lui « rien à la compréhension de l’information ».

Retour en grâce du journal télévisé

D’autres, qui avaient délaissé le journal télévisé, le regardent à nouveau. C’est le cas de Julian, employé de banque à Bruxelles (Belgique) âgé de 30 ans, qui nous dit avoir réduit son temps passé devant les chaînes d’information continue, en raison de leur caractère anxiogène « de plus en plus pesant, d'autant plus que les possibilités de s'évader sont moins nombreuses », et avoir renoué avec le JT de la RTBF (Radio Télévision Belge Francophone). « Je ne le regardais quasiment jamais, à moins de vouloir m'informer sur un événement important, de manière très ponctuelle. Les JT ont, je pense, cette particularité de redevenir des moments passés en famille, pendant lesquels on se soutient devant les informations terribles qui défilent devant nos yeux. »

Auparavant, Béatrice G., 33 ans, enseignante-chercheuse à Paris, se branchait sur France Culture. « J’écoutais les journaux, généralement en réécoute, ayant des horaires un peu décalés. » Ses parents ayant eu la télévision tardivement, elle n’avait pas vraiment l’habitude de la regarder. Mais cela a changé. « Avec la crise du coronavirus, je me suis mise à regarder le journal de 20 h sur France 2 avec mon conjoint. À l'origine, c'était pour les interventions des chefs d'État et de gouvernement, mais c’est maintenant une habitude. Sans cela, nous avons l'impression d'être coupés du monde. » Cependant, si le journal télévisé est devenu un rendez-vous qui rythme sa journée, Béatrice n’a pas totalement abandonné France Culture. « J’écoute le podcast Radiographies du coronavirus, ainsi que les rediffusions des cours au Collège de France sur les pandémies. C’est d’ailleurs en écoutant un de ces podcasts que j’ai compris le débat autour de la chloroquine, pas en lisant Le Monde ou en regardant le 20 h. » Béatrice G. et son conjoint estiment, pour finir, que le niveau de l’information télévisée est « très en-dessous » de celui de la radio, en tout cas de sa fréquence favorite, France Culture.

« Les JT de 20 h [me] sont utiles pour avoir un résumé global de la situation au quotidien »

— Alice, hôtesse de l'air

Pour Alice, hôtesse de l’air de 23 ans habitant Chevilly-Larue (Val-de-Marne), le JT s’est aussi imposé comme un nouveau temps d’information. Avant la crise, elle nous raconte qu’elle s’informait brièvement via des sites internet, comme celui de franceinfo. Elle consulte toujours les réseaux sociaux, « en faisant bien attention aux fake news, nombreuses en ce moment ». Cependant, « dès les premières annonces concernant les nombreux cas en Chine », elle a « commencé à regarder d'avantage le journal télévisé », ajoutant qu’en ce moment, « les JT de 20 h [lui] sont utiles pour avoir un résumé global de la situation au quotidien ». À cela, Alice ajoute passer une ou deux fois par jour « une quinzaine de minutes devant une chaîne d’information en continu », mais pas plus, car elle ne souhaite pas tomber « dans la psychose ».

Un sentiment partagé par Christelle de Lavastrie (Cantal), ouvrière en maroquinerie âgée de 50 ans. « Je ne regarde plus que les infos au moment du repas, confie-t-elle, car ils nous font flipper de plus en plus. C'est déjà stressant de rester chez soi confiné, alors les infos en boucle qui nous disent qu'il va y avoir beaucoup de gens contaminés c'est bon, on va finir avec des crises d'angoisse. »

Ces témoignages reflètent une véritable tendance, puisque ce « retour du JT » se traduit dans les chiffres. Début mars, les audiences cumulées des JT de TF1 et France 2 avoisinaient les 10 ou 11 millions de téléspectateurs, elles se situent désormais autour de 16 millions (avec un pic à plus de 20 millions le 16 mars). Plus largement, selon Médiamétrie, c’est le temps de TV qui s’est allongé : une heure dix-sept minutes de plus chaque jour depuis le début du confinement, ce qui porte à quatre heures quarante-huit minutes la durée d'écoute moyenne des chaînes de télévision.

S’éloigner de l’actualité pour raison garder

Tout le monde n’a pas fait le choix de consommer davantage de médias. Plusieurs personnes ont ainsi témoigné de la façon dont elles ont modifié en profondeur leurs habitudes d’information pour éviter d’angoisser ou s’aérer l’esprit en ces temps troublés. Françoise, chargée de mission EMI dans la région de Nantes, retourne régulièrement sur le live du Monde, mais les journaux TV, pour elle, c’est « non merci ». Elle leur préfère l’info locale, tout en essayant de « décrocher régulièrement de l’actualité pour respirer ».

Coline, 34 ans, community manager et gérante à Lyon, a radicalement altéré ses habitudes. Elle qui écoute d’ordinaire beaucoup la radio (France Culture, France Inter, France Info), a l’habitude des réseaux sociaux, et organise sa propre revue de presse sur Twitter. Avec le confinement, il y a eu un premier tournant, « obsessionnel », nous confie-t-elle. « Pendant une semaine, et jusqu’à l’annonce du confinement, je suis restée scotchée aux réseaux sociaux, aux médias », se souvient-elle. Rapidement, les effets négatifs de cette surexposition sont apparus. « Je sentais bien que ça générait un stress chez moi, presque des crises d’angoisse. Trop d’opinions, trop de fake news, trop de ton péremptoire ou désinvolte. Je ne pouvais pas m’empêcher de prendre part aux conflits sur Facebook et Twitter. Voir tant de bêtises débitées partout, c’est dangereux et ça me rend dingue. Alors j’ai tout coupé à J+1 du confinement. » Depuis, Coline lit le rapport de l’OMS deux fois par semaine, tandis qu’une amie lui « synthétise les annonces réglementaires sans pathos ». Elle nous raconte s’attarder « sur les flux Facebook de deux contacts qui ne parlent pas du Covid » et lire « les tweets de la métropole de Lyon et de son président, pour voir ce qui est mis à l’échelle locale et comment on pourra aider rapidement ». Et tout ceci « entre 11 h et 15 h » uniquement : « Rien d’autre, rien avant et surtout rien le soir. » Coline écrit aussi éviter les témoignages, les vidéos, ainsi que les groupes WhatsApp, notamment celui où ses parents envoient parfois des articles mal sourcés ou alarmistes.

« Sur les réseaux sociaux, personne ne s'y connaît, mais tout le monde donne son avis [et] remet une pièce dans une machine à créer de la peur qui s'auto-alimente »

— Martin, journaliste

Martin, 36 ans, journaliste à Clermont-Ferrand, rapporte une expérience similaire à celle de Coline. « Accro à l’info », il évoque l’écoute de France Info « dès le matin », des journaux de 13 h et 19 h de France Inter, la lecture du Monde et de Mediapart, ainsi que de son fil Twitter, constitué de journalistes et de médias. Des habitudes qui n’ont pas trop changé dans un premier temps, à cela près que Martin regardait auparavant davantage franceinfo: sur le canal 27, ainsi que le JT. Mais depuis le 20 mars environ, il estime avoir fait une « surdose d’info », et a revu sa routine en conséquence. Voici sa consommation actuelle telle qu’il nous la raconte : journal de France Info le matin, trente minutes maximum, « le temps de prendre son petit déjeuner ». En début de soirée, il regarde l’intervention de Jérôme Salomon, directeur général de la santé, à la télévision. Dans l’intervalle, il confesse regarder plusieurs par jours, quelques minutes les réseaux sociaux, « et l'angoisse me prend quasiment instantanément. Personne ne s'y connaît, mais tout le monde donne son avis [et] remet une pièce dans une machine à créer de la peur qui s'auto-alimente ».

Annabelle, 26 ans, en recherche d’emploi dans le secteur du tourisme dans la région d’Agen, est confinée avec sa famille. Dans un premier temps, ses proches et elle-même se sont informés en regardant « toutes » les chaînes d’information en continu, afin de comprendre ce qu’il se passait. « Mais depuis que nous savons que nous allons rester confinés ensemble plus de deux, voire quatre, semaines, nous nous informons beaucoup (et j’insiste) moins », explique-t-elle. Dans cette nouvelle routine, on retrouve les vidéos de la chaîne YouTube « Hugo Décrypte », qui fait régulièrement le point sur l’actualité autour de l’épidémie, ainsi que l’émission Quotidien sur TMC. « C’est sérieux et humoristique, explique Annabelle, on n’a pas besoin de plus, on ne veut pas vivre dans l’angoisse. Le climat et la situation sont déjà très suffisamment anxiogènes. » L’émission de Yann Barthès, qu’il trouvait « insupportable depuis quelques années », a aussi retrouvé les faveurs de Stanislas : « Est-ce lié à leur absence de public et de cuts, ou le fait que le présentateur arrête de couper la parole à ses chroniqueurs inutilement ? Je ne sais pas, mais je trouve le boulot fait remarquable et très agréable à regarder. » Se définissant comme un « news addict », frustré par « les réseaux sociaux qui [ne lui] suffisent pas », Stanislas nous raconte regarder plus qu’avant la chaîne de télévision franceinfo:.

Agée de 26 ans, Mathilde, étudiante à Toulouse, a, comme Anabelle, réduit sa consommation d’actualité. La jeune femme avait l’habitude de s’informer via la radio, notamment la matinale de France Culture, et en lisant Le Monde, tandis que son fil d’actualité Facebook lui permettait de repérer des actualités plus légères. « Suivre l’actualité était un vrai plaisir », explique-t-elle. Cependant, l’arrêt de certaines de ses émissions favorites ainsi que le pessimisme et les angoisses des personnes qui l’entourent ont tôt fait de radicalement transformer son rapport à l’information. « L’omniprésence de cette actualité anxiogène m’étouffe, se désole l’étudiante. Je ne suis donc plus rien à part quelques articles qui parlent d’autres choses et que je vois passer sur mon mur Facebook. Même sans vouloir suivre cette actualité, il m’est impossible d’ignorer quoique ce soit, tant elle reste tellement au centre des discussions. Je comprends bien sûr que cette crise est sans précédent, et il est normal que les médias traitent des enjeux qu’elle pose, mais sincèrement je n’en peux plus. ».

Un désir de médias « cohérents », « honnêtes » et qui « vont à l’essentiel »

Au-delà des habitudes, de l’éventuel changement de celles-ci ou d’un éloignement des médias, de nombreuses personnes ont fait part d’attentes précises à l’égard des médias en cette période. Florian nous dit attendre des médias, particulièrement des chaînes d’information en continu, de ne pas « tomber dans l’alarmisme ». Peggy, de son côté, demande « du fond et de la cohérence, de la décence, de l’honnêteté, du sang froid et de la mémoire. De la responsabilité aussi, qu’elle soit individuelle ou collective, et surtout le sens de l’intérêt général, les polémiques vaines sont assez obscènes en cette période ». « Je pense être encore plus exigeante ces jours-ci, je tolère moins le verbeux pour aller à l’essentiel », termine-t-elle. Béatrice S., 57 ans, chef de projet digital qui habite à Louveciennes (Yvelines), soutient attendre des médias « de l’information sur le sujet qui préoccupe tout le monde actuellement, », notamment « comment se protéger soi-même et les autres, comment s’entraider les uns les autres », mais aussi, si possible aussi sur « d’autres sujets, […] car la vie continue. »

« Il s’agit pour les médias d’apporter l’information nécessaire et de déjouer les fake news, et même de nous alerter contre celles-ci car elles mènent parfois à des conduites inadaptées »

— Pauline, rédactrice

Pauline, rédactrice à Lyon âgée de 27 ans, attend des médias d’être « ce qui nous relie au monde et à cette situation anxiogène ». « En nous informant, dit-elle, ils nous permettent — pour une grande part de la population — de réfléchir et d’adopter le comportement le plus adapté, mais aussi de nous rassurer en comprenant mieux la situation, en spéculant sur un avenir devenu incertain, en nous montrant aussi que nous faisons partie d’un tout. Il s’agit pour eux d’apporter l’information nécessaire et de déjouer les fake news, et même de nous alerter contre celles-ci car elles mènent parfois à des conduites inadaptées. »

Mais dans les courriels reçus, on trouve aussi des positions plus critiques à l’égard des médias. C’est le cas de Claude, 73 ans, à Lezignan (Hautes-Pyrenées), qui clame avoir tout le temps « pour regarder les informations, [qu’il] trouve parfois contradictoires, voire incomplètes ». Khal déplore, lui, que « certaines chaînes n’ont pas été assez critiques du pouvoir ou des ratés de Macron». Martin, le journaliste, a de son côté l’impression que « chaque média cherche à redorer son blason, à rééquilibrer ses comptes », et que derrière le prétexte d'un « service d'intérêt général », chacun s’efforce de faire de sa « petite boutique médiatique » une maison plus prospère. « Certes, la concurrence est à l'œuvre sur le marché de l'information, tempère-t-il, mais elle me semble différente de celle observée lors des attentats en France. C'est vrai que les habitués des plateaux télés ne sont vraiment pas compétents sur les questions de santés et les questions médicales. On voit donc de nouvelles têtes et parfois d'anciennes qui squattent à nouveau les plateaux. Mais ce qui m'a très vite dérangé c'est que dans cette nouvelle course à l'audience il y a très peu d'information. Les sujets se reprennent encore plus vite qu'avant, chacun s'épiant et utilisant les mêmes angles. »

Le confinement levé, et plus tard lorsque l’épidémie sera terminée, que restera-t-il de ces nouveaux comportements apparus pendant une telle période de crise ? 

 

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