À quoi ressemblera la start-up de demain ?
Alex Payne, un des premiers employés de Twitter et fondateur de
Simple, a donné sa vision de la start-up de demain.
Hier, la start-up était une institution conséquente où des fonds publics, privés et académiques importants étaient regroupés pour répondre à une mission d’intérêt national, souvent militaire comme aux États-Unis. Le retour sur investissement était long. La couverture médiatique n’était présente que si le business plan était totalement abouti. La culture de ces entreprises était classique et conventionnelle, sans personnalité.
Aujourd’hui, la start-up se veut cool, alternative et sans « prise de tête » apparente. Le « naturel » est de mise au détriment du superficiel. Le bureau ressemble à une auberge espagnole où la cravate est proscrite. La culture y est « unorthodox » (non orthodoxe), c’est-à-dire qu’elle dépasse tout mode de convention et de tradition préétabli. Cependant, c’est un monde qui reste aux Etats-Unis extrêmement sexiste. Le racisme est également de mise où les normes sociales sont instaurées par les « white men » comme le dit Alex Payne. Il compare l’organisation des start-ups à des nouveaux « old boy’s clubs » (clubs fermés de jeunes créés dans les universités).
La start-up peut s’appuyer sur des célébrités. Ces dernières assurent leur visibilité, comme pour un placement de produit pour les couturiers, en contrepartie d’une participation au capital. D’autre part, dès la phase bêta de leur développement, les médias et réseaux sociaux en deviennent déjà les porte-paroles.
De nos jours, les
ventures-capitalists concentrent l'investissement dans ce qu'ils connaissent avec le moins de risques possible. Le chiffre qui les intéresse, au premier plan, est l’évolution des utilisateurs suivant les premiers mois de la mise sur le marché du produit.
D’autre part, il y a saturation d'incubateurs aux États-Unis, ce qui, même si le projet est intéressant, en dilue l'attractivité (ou l'intérêt). En effet, pour une start-up, faire parti d'une organisation aux services intégrés (du mentor au soutien juridique) signifie un encouragement et un réconfort important. Cependant, avec une expérience diluée, ces organisations et leurs ressources deviennent moins pertinentes, faute de professionnels expérimentés. Alex Payne conseille dès lors aux nouveaux incubateurs de se regrouper pour à la fois augmenter leur impact direct, recueillir les meilleurs spécialistes et augmenter les chances de réussite des start-ups qu’elles hébergent.
En ce qui concerne les quelques « heureux » qui ont la chance de se faire racheter par une grande société, leur noyau et leurs effectifs fondent comme peau de chagrin. Effectivement, les fondateurs de ces start-ups se diluent souvent dans des tâches bureaucratiques, alors qu’ils pourraient être plus utiles ailleurs.
Finalement, Alex Payne estime que trop de start-ups entrent en bourse sans rencontrer une réelle compréhension des financiers et autres acteurs du marché. Les nouveaux vice-présidents (VP) désignés sont payés très chers et cela avant un quelconque résultat. De plus, il n’y a actuellement aucun rattrapage ou diminution sur ce qu'ils gagnent en cas de mauvais résultats, ce qui ressemble peu à la mentalité américaine.
La start-up de demain sera d’avantage financée par le crowdfunding, le financement participatif (comme vu précédemment). Ce sera surtout le cas pour les idées audacieuses, donc prometteuses. Les VP seront plus jeunes et fonctionneront d’avantage au « feeling » (intuition) plutôt qu’au « thinking » (rationnel).
Aux États-Unis, il est difficile de vérifier ce fait, car les gens bougent facilement d’une start-up à une autre. Il n’existe à ce jour aucun paramètre pour mesurer l’impact de ces nouvelles entreprises. Alex Payne recommande au gouvernement américain de « créer des indicateurs économiques avec une vision de 5 à 10 ans » pour quantifier l’importance de ces nouvelles entreprises.
Ces résultats pourront en effet alimenter une politique plus favorable au développement des start-ups. Et, par conséquent, encourager l’aide financière de grandes entreprises suivant un pourcentage de leur budget « Recherche et Développement ».
L’éducation est également menacée dans son mode opératoire actuel. Bon nombre d’étudiants ne partagent plus les valeurs du système éducatif. Aux États-Unis le
self-learning (l’auto-apprentissage) prend de plus en plus d’ampleur, car les centres d’intérêts ont évolué vers de nouvelles matières. En effet, bercés dans une époque où les
self-made men, à l’image de Steve Jobs, deviennent millionnaires, à quoi peut encore servir l’institution académique ? C’est la question que se pose une bonne partie des jeunes prêts à tout lâcher. Les valeurs ont changé, de même que les modes de vie. Comment l’éducation peut-elle s’adapter à ce nouveau mode de pensée ? Un cours de « codage » devra-t-il être proposé comme langue universelle ? D’ailleurs, Steve Jobs n’avait-il pas un jour déclaré : « tout le monde aux États-Unis devrait apprendre à programmer un ordinateur, car c’est le meilleur moyen d’apprendre à penser » ? L’organisation
Code.org fondée par Bill Gates et Mark Zuckerberg en est l’illustration parfaite. Leur fondation
codecademy.com procède à un enseignement gratuit et disponible en français sur internet.
La «
B corporation », ou le «
Social Business », est également un exemple observé dans notre société contemporaine. Cette nouvelle structure juridique est devenue un label qui identifie les sociétés d’un nouveau genre. Ces entreprises entendent utiliser le pouvoir du business pour créer un bénéfice public. La B corporation est, pour Alex Payne, la nouvelle structure juridique des sociétés de demain.
Comme le décrit très bien Nicolas Cordier dans les
Échos : « il s’agit de passer d’un capitalisme du XX
e siècle, dont la seule règle est de créer de la valeur pour les actionnaires, à un capitalisme du XXI
e siècle qui prend en compte l’intérêt des travailleurs, des communautés locales et de l’environnement au même titre que celui des actionnaires. »
What's next ? Le BitCoin deviendra-t-il la monnaie du XXI
e siècle ? Le BitCoin n’est pas une monnaie réelle au sens palpable du terme mais bien virtuelle. Elle échappe à toute tutelle d’ordre public. En gros, l’émission de la monnaie dépend d’un protocole informatique libre, sur une technologie et une transaction directe entre les individus («
peer-to-peer »).
Quelle est son
utilité ? Son intérêt est d’échapper aux contrôles par les politiciens et les banques centrales en permettant des transactions anonymes, sans passer par les intermédiaires traditionnels.
Philippe Herlin, chercheur en finance, explique dans son livre dédié à ce sujet que nos monnaies papier sont désormais basées sur une confiance qui s’émousse, ceci expliquant le développement des monnaies complémentaires dont le Bitcoin est le parangon.
Paul Jorion, chercheur en sciences sociales, prévient qu’« il y a bien un algorithme dans le réseau d’ordinateurs qui gère et émet de nouveaux Bitcoins [...] mais il n’y a pour le garantir ni police, ni magistrats, ni geôliers et du coup c’est une proie toute désignée pour les bandits qui la hackeront ». Et les
Échos de conclure : « le Bitcoin serait donc protégé des grandes manœuvres spéculatives du système financier mais fragilisé par sa nature en échappant à tout contrôle ».
Le BitCoin (dont la valeur suit de près le cours de l’or) a de fortes chances d’être la monnaie de demain surtout si le système spéculatif ne répond plus à des normes équilibrées et morales. On en a malheureusement tous été témoins et victimes d’une manière ou d’une autre, principalement en 2008. Le système monétaire actuel doit également évoluer et gagner la confiance des citoyens et de la génération indépendante digitale.
Notre mode de vie a changé. Il est devenu plus nomade, mais il est plus interconnecté que jamais. Que ce soit dans le domaine de la musique, de la narration marketing ou dans la création de jeunes entreprises, l’ère du digital nous permet aujourd’hui de penser et d’agir différemment. L’ordre sociétal dans sa globalité se redéfinit, de même que nos valeurs. Nous avons la chance de partager ce monde où la communication est devenue plus rapide et limpide. Les informations sont à la portée de « clics ». Nous avons l’atout de pouvoir accomplir davantage en moins de temps et la possibilité de repenser des modèles économiques avec plus de sens.
Dans ce nouveau cadre de transparence, le patron sera celui qui maniera l’information plus intuitivement et en parfaite harmonie avec les valeurs actuelles. Ce nouveau patron ne sera plus choisi sur l’expérience, mais bien sur l’audace.
L’évolution du digital aux États-Unis, tel que le dépeint cet article, est définitivement le reflet d’un mode de pensée moins matérialiste. Nous sommes dans une nouvelle aire de créativité à tous les niveaux, de haut en bas et de bas en haut. Cet élan est conjugué à un effet multiplicateur et accélérateur de l'interaction humaine et digitale.