Warner Music Group ou les velléités d'Edgar Bronfman
Le PDG du groupe Warner a connu, depuis son association désastreuse avec Jean-Marie Messier, un véritable échec.
Le PDG du groupe Warner a connu, depuis son association désastreuse avec Jean-Marie Messier, un véritable échec.
Fortune’s Fool raconte l’histoire de la maison de disque Warner Music Group et de son président Edgar Bronfman Jr., héritier d’une grande fortune, des années 80 jusqu’à aujourd’hui. A travers les péripéties de la major du disque, Fred Goodman dresse un panorama informé et objectif des aventures de l’industrie du disque secouée par l’arrivée révolutionnaire d’Internet. Selon l’auteur, l’effondrement de Warner Music Group ne peut se comprendre qu’à travers l’itinéraire d’un homme, celui d’Edgar Bronfman Jr. surnommé Efer.
Pour Edgar Jr. l’épisode du conglomérat Vivendi n’est guère satisfaisant. Il détient peu de pouvoirs de décision au sein de l’entreprise et les décisions d’achat de Jean-Marie Messier sont prises sans aucune consultation comme celle de l‘acquisition de Maroc Telecom pour 2.7 milliards de dollars qui a conduit la compagnie à sa perte… L’affaire crée un scandale en Europe et aux Etats-Unis car le parachute doré de Jean-Marie Messier s’élevait à l’époque à 20 millions de dollars. Bronfman devient alors la risée des médias pour s’être associé à une entreprise dont l’échec est si retentissant.
Bien que ces trois personnalités soient toutes différentes, Edgar est parvenu à faire travailler tous les labels d’un commun accord sous sa direction, et ce malgré les difficultés inhérentes au marché. En effet, l’achat de Warner Music Group (WMG) se déroule au moment où l’industrie du disque est en crise. De plus, un événement ébranle l’image de la major : c’est le single de l’artiste Hip-Hop Ice-T « Cop Killer ». Les syndicats policiers interprètent les paroles de ce « tube » comme une incitation à la violence envers les forces de l’ordre. Si Warner prend la défense de son artiste au départ, la compagnie choisit bien vite de retirer le titre des ventes pour éviter que l’affaire ne prenne trop d’ampleur.
Malgré quelques bons résultats, l’entreprise WMG se trouve en crise, amplement, ébranlée par l’engouement pour Internet et les plateformes de téléchargement de Peer-to-Peer comme Napster. La réaction de Warner face à ce piratage à grande échelle, est la même que celle des grandes entreprises comme Universal. La compagnie lutte férocement contre les pirates et met tous ses efforts au service de la préservation du marché du CD. Cependant, Warner est peut être la première major, à investir dans d’autres marchés comme celui des sonneries téléphoniques, ou celui des goodies (produits dérivés)comme les T-shirt ou les vidéos à destination des internautes.
Pour l’auteur, WMG persiste dans l’erreur à vouloir conserver à tout prix son contrat 360° pour ses artistes, ce qui lui permet de gagner des royalties sur tous les produits dérivés d’un artiste. Fred Goodman n’est pourtant pas si négatif qu’on pourrait le croire sur l’avenir des maisons de disque : s’il affirme qu’elles n’ont pas su intégrer les nouvelles technologies dans leur fonctionnement, il défend en revanche leur capacité à dénicher des musiciens talentueux et à s’occuper de leur carrière. Pour lui, un producteur si proche des artistes, comme le fut Ahmet Ertegun ne serait plus possible à l‘ère d’Internet. Les artistes du Web, noyés dans la masse ont plus de mal à être reconnus et à perdurer.
À l’heure où les offres de SVOD se multiplient et que les usages de la télévision évoluent, la place de l’audiovisuel public est remise en question. En France comme en Europe, le service public a un rôle important à jouer, défend Alain Le Diberder, spécialiste des médias.