Pourquoi la France s’accroche à la bande FM - épisode 5/
Pourquoi la France s’accroche à la bande FM
Face à une radio numérique terrestre qui peine à s'imposer et malgré la concurrence des podcasts et des webradios, la FM résiste encore.
Face à une radio numérique terrestre qui peine à s'imposer et malgré la concurrence des podcasts et des webradios, la FM résiste encore.
La France est certainement l’un des pays les plus « radiophoniques » dans le monde : on recense plus de 850 stations réparties sur l’ensemble du territoire avec de puissants groupes nationaux, des radios locales fortes, des radios associatives également présentes et un équilibre entre le public et le privé.
La radio est confrontée à la pénurie des fréquences FM. La diversité de l’expression radiophonique trouve ses limites dans un paysage hertzien saturé dont le spectre est borné entre 87,5 et 108 MHz. Lorsque qu’une fréquence se libère, nous assistons à un véritable pugilat entre préemption du service public, pression des réseaux nationaux et revendications locales.
L’implosion de l’industrie musicale accroit les pressions sur le secteur radiophoniqueL’incapacité de cette industrie à faire face à la numérisation des contenus, en se perdant dans des stratégies défensives, a fait perdre plus des 2/3 de sa valeur à ce secteur, en seulement dix ans. Face à ce gâchis, la radio s’avère être une des rares bouées de sauvetage financier, alors que le numérique ne permet pas encore de compenser des pertes continues : cela se traduit par une demande auprès des pouvoirs publics de renforcement des quotas de chanson d’expression francophone et de révision à la hausse du taux de la rémunération équitable, voire la suppression de la licence légale ! Ces revendications sont un facteur important de tension, compte tenu du risque de déstabilisation qu’elles font porter sur la filière, au moment où audiences et chiffres d’affaires sont en recul dans la radio.
Les auditeurs semblent désormais prêts à participer en ligne à l’élaboration des programmesLes auditeurs, organisés grâce aux réseaux sociaux, semblent désormais prêts à participer en ligne à l’élaboration des programmes et à leur promotion, voire à leur financement. Ces nouveaux usages ouvrent de nombreuses perspectives pour renforcer leur engagement, à condition de rester à leur écoute et de leur proposer des actions collaboratives, dans une relation plus complice. Le rôle des animateurs radio est crucial sur ce point.
La TNT a indubitablement constitué une avancée dans la démocratisation du média TV, en offrant une plus grande richesse de programmes, de façon gratuite. La technologie de numérisation du signal a permis d’optimiser les réseaux de fréquences hertziennes, dégageant de la place pour permettre à de nouveaux acteurs ou à de nouvelles chaînes d’exister. Malgré tout, le principal écueil de cette technologie de diffusion est son absence de voie de retour, ce qui interdit toute interactivité.
Le lancement en 2005 de la TNT avait apporté plus de 20 canaux gratuits, face aux 7 grandes chaînes existantes d’alors : cette offre couplée à une aide substantielle de l’État avait permis de populariser une nouvelle forme de réception de la TV, par démodulateur, rendant obsolète les râteaux disgracieux perchés sur les toitures. La nouveauté était là, à une époque où le streaming sur Internet était encore balbutiant.
Les milliers de webradios ne seront pas accessibles sur la RNT, tout comme les radios étrangères, ou encore les podcasts
Le CSA a lancé un calendrier de lancement de nouvelles expérimentations, étalé sur 10 ans. À cette vitesse, il n’est pas sûr que les acteurs motivés le restent. Cette diffusion dont les coûts s’ajoutent à leur diffusion analogique et IP, ne trouve pas de modèles économiques : il y a très peu de terminaux disponibles, pas de communication auprès du grand public, pas d’intérêt des auditeurs et encore moins de la part des annonceurs… L’atteinte du seuil des 20 % de couverture nationale obligerait légalement les constructeurs à rendre compatibles l’ensemble des récepteurs radios proposés à la vente avec les normes T-DMB et DAB+, en particulier les autoradios. Cette mesure ne touche cependant pas les appareils numériques qui n’intègrent pas de récepteur radio analogique.