Gagner en visibilité
Outre un accompagnement spécifique à leur activité, les jeunes pousses du web attendent une plus grande reconnaissance de la part des institutions, des bailleurs de fonds, du public et des autres journalistes. « Quand on est un petit pure player lu par 15 personnes, toutes les portes ne s’ouvrent pas. C’est difficile d’être pris au sérieux. C’est tellement plus facile de venir de la part de Libération ! » déplore Julia Tissier. Une légitimité qui s’acquiert en partie grâce au réseau. « C’est mes quinze années d’expériences dans les médias qui m’ont apporté le terreau pour commencer tout de suite à travailler » explique Karen Bastien.
La prise de parole de ces innovateurs lors de la remise officielle du rapport de Jean-Marie Charon constitue un premier pas vers cette quête de reconnaissance. Celle-ci s’associe à un besoin de visibilité. Alors que la faible mise financière nécessaire à
la création d’un pure player a multiplié le nombre de sites d’information - un capital de 20 000 euros suffit pour se lancer - il est difficile de se faire une place dans ce fourmillement créatif. Que le modèle économique repose sur l’abonnement ou la publicité, l’audience reste la clé de la réussite d’une entreprise médiatique.
« Une fois qu’on a l’audience, on trouve le modèle économique. Sans audience, on n’a pas de modèle économique » tranche Daniel Daum, éditeur de
Prisma Media TV - Entertainment. Pour attirer les lecteurs, ce doctorant en marketing a choisi de délivrer des services sur support web et mobile : programme télévisé, météo… « On donne un service pour que les gens viennent lire les nouvelles sur notre site au moins cinq à dix minutes ». La solution d’Alexandre Malsch, cofondateur de
meltygroup est encore plus radicale : chercher directement ce qui intéresse sa cible, repérer les tendances et en parler du mieux possible. Un modèle inspiré des sites viraux tels que Minutebuzz ou Buzzfeed.
Pour Mediapart, pas de secret, pour attirer les lecteurs, il faut leur proposer un contenu exclusif et de qualité. « Si vous apportez le même contenu que tous les autres, le lecteur ne va pas s’abonner. C’est avant tout une question de projet éditorial. ». explique Marie-Hélène Smiejan. Karen Bastien partage son point de vue : « Aujourd’hui, il est indispensable d’innover. La production web est immense, seules les choses les plus innovantes, les plus intéressantes éditorialement émergent ».Une fois l’internaute captivé par son offre éditoriale, il faut toutefois le fidéliser, comme le rappelle la directrice générale de Mediapart : « Notre vrai savoir-faire c’est la fidélisation. En général, il faut recruter trois abonnés pour en garder un. ».