Chaîne YouTube du "Club des 5"

L'histoire de la chaîne YouTube du « Club des 5 » a commencé entre étudiants en journalisme ou en communication. 

© Crédits photo : Capture d'écran chaîne YouTube du « Club des 5 »

« Le Club des 5 », pépinière du nouveau journalisme foot

Repérés grâce à leur ton rafraîchissant sur YouTube, ces jeunes commentateurs de foot sont désormais prisés des grands médias.  

Temps de lecture : 6 min

« Le Club des 5 » n'était au départ qu'une petite émission de foot sur YouTube. Au fil des ans, ses protagonistes ont essaimé dans de grands médias. Walid Acherchour et Elton Mokolo sur RMC Sport, Romain Beddouk sur France Bleu, Maya Amrouche sur Prime Video, Najim Medini, Najib Terzi et Hugo Cappelaere sur Canal +, ou encore Sébastien Ferreira au service des sports du Figaro sont autant d’exemples de la patte « Club des 5 » dans le journalisme foot français.

Le « CD5 », un centre de formation ? L’image n’enchante pas Samuel Vaslin, l’un des fondateurs de l’émission : « Notre but, à terme, c’est d’être une boîte de production sur Internet, voire à la télé. » En bon passionné de ballon rond, il propose une autre métaphore : « On a débuté comme un club de Régional 1 (sixième échelon), je ne vais pas dire que nous sommes désormais en Ligue 1, mais disons en National (troisième échelon), et pas très loin de la Ligue 2. »

L’histoire commence sur une radio étudiante, VL Radio, dans le XIVe arrondissement parisien. Samuel Vaslin, Romain Beddouk, Walid Acherchour et Bilal Achour-Tani s'y rencontrent entre 2015 et 2017. Ils sont étudiants en journalisme ou en communication, et, en parallèle, chroniqueurs dans l’émission de foot de la radio. En 2017, ils proposent leur propre projet : le « Club des 5 ». 

Pourquoi 5 ? Parce qu'ils considèrent qu'en France, les médias se concentrent trop sur la Ligue 1 et pas assez sur les quatre autres grands championnats (Angleterre, Espagne, Italie, Allemagne). « On estimait qu'il n'y avait pas assez de débats sur les championnats européens alors que la génération qui montait s’y intéressait beaucoup plus qu’à la Ligue 1, explique Walid Acherchour. On voulait aller chercher ce créneau sur le digital, la Ligue 1 plus les quatre autres grands championnats. »

« Une émission de télé pas à la télé »

La concrétisation de leur projet est assez laborieuse. Avec d’abord des audiences assez faibles, puis un divorce brutal avec VL Radio. La boîte de production qui mettait en images l'émission les accueille un temps avant qu'ils ne dénichent un studio de tournage, à Pantin. 

« Le but, c’était de faire une émission de télé pas à la télé, raconte Samuel Vaslin. On venait tous de finir nos études et d’intégrer par la petite porte des rédactions, on a vu comment se construisait une émission et que c’était faisable avec des jeunes. » Les quatre fondateurs partent à la recherche d'étudiants en journalisme et de jeunes diplômés pour les épauler. Ils se disent : « On va les former au métier, continuer à apprendre nous-mêmes, et développer une structure qui finira par tenir au quotidien. »

Farez Hachem, 26 ans, diplômé d’une licence à l’Institut européen de journalisme mais déjà en train de se réorienter professionnellement, rejoint « par amitié » l'aventure « CD5 » en 2017. Il devient rédacteur en chef, réalisateur, graphiste à l’occasion pour l’émission. Il va rapidement avoir sous sa responsabilité une flopée d’assistants d’édition.

« En 2019, j’ai postulé à la fondation TF1 pour faire un master en alternance avec l’équipe de "Téléfoot", se souvient Farez Hachem. J’ai eu un entretien avec Marc Ambrosiano, le rédacteur en chef, qui m’avait alors expliqué : “Tu ne t’en rends pas compte, mais en fait, tu gères une équipe plus grosse que la mienne !” » La bourse lui échappe. Farez Hachem continue son chemin entre un métier stable la semaine (assistant d’éducation puis CPE en collège-lycée) et une « activité passion » le week-end. 

« Un truc qui correspondait à notre génération »

Peu à peu, les assistants d’édition venus se perfectionner à ses côtés multiplient les piges dans de grandes rédactions. « J’ai aussi eu des opportunités, ajoute-t-il, mais il aurait fallu recommencer d’un peu plus bas, en grattant 700, 800 euros de piges. Sauf que moi, j’étais déjà à 1 800 euros avec mon travail de CPE et je ne pouvais pas me permettre de redescendre. » 

Le public visé dès le départ, jeune, passionné par les grands championnats, prend l'habitude de consommer des contenus consacrés au foot sur YouTube. Les intervenants en plateau développent une vraie connaissance des grands clubs européens, mais aussi des « équipes frissons » du moment, comme les Italiens de Sassuolo entraînés par Roberto De Zerbi. Ils s’intéressent aussi à la Coupe d’Afrique des Nations dès 2019, alors que la compétition est peu couverte par les médias français. 

Ils connaissent leur sujet et en parlent sur un ton plus frais, moins formaté qu’à la radio ou à la télé. « On est arrivés ni trop tôt, ni trop tard, estime Romain Beddouk, ça nous a permis de faire un truc qui correspondait à notre génération. »

Tampon

Le ton du « Club des 5 » est désormais recherché par les grosses rédactions. RMC intègre ainsi Walid Acherchour à son nouveau programme : « Génération After ». « L’idée de "Génération After", c’était de faire émerger de nouvelles voix qui ont grandi en écoutant "L’After"la référence des émissions de foot, explique Jimmy Braun, chef d’édition sur le programme. Il nous fallait des gens passionnés, mais aussi ultra pointus. Walid est impressionnant : il bouffe du foot matin, midi et soir. Il regarde, lit et écoute tout ! Il apporte quelque chose à l’antenne avec une espèce de passion assez dingue ! »

La réussite de Walid Acherchour lui permet de pousser son collègue du « Club des 5 », Elton Mokolo, qui commence lui aussi à travailler pour RMC Sport. « Le Club des 5 » est un réseau, mais aussi un label de qualité : « Je bosse sur Infosport + et au départ, dès qu’il y avait un potentiel stagiaire ou alternant avec le "Club des 5" sur son CV, mes patrons venaient me chercher pour me demander mon avis, raconte Romain Beddouk. Aujourd'hui, ils ne le font plus. Comme s'ils savaient que s'il y a le tampon "Club des 5", ça devrait être plutôt intéressant. C’est hyper gratifiant. »

L’aventure « CD5 » est loin d’être terminée. Les têtes d’affiches sont toujours là, il commence à y avoir des petites rentrées d’argent. En plus de l'émission d'origine, la chaîne « Club des 5 » s’est récemment fait remarquer en publiant des interviews vidéos très longues de joueurs ou d’entraîneurs de foot. Emerse Faé, sélectionneur d’une Côte d’Ivoire tout fraîchement couronnée championne d’Afrique en 2024, a ainsi accordé son premier entretien en France au « Club des 5 ».

Ces nouveaux formats, enregistrés, permettent d’avoir des effectifs plus restreints et désormais bien rodés. Car même en bossant ailleurs, les joueurs formés au  « CD5 » reviennent dans leur club formateur, à l’image de Sébastien Ferreira : « C’est pas pour l’argent que j’y retourne, mais parce que c’est peut-être ce qui m’épanouit le plus. L’impression de faire ce métier d’une manière belle, honorable. »

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