Et l’animation fut…

L’apparition de l’animation à Madagascar est récente. Officiellement le premier film reconnu comme court-métrage d’animation date de 2006. Evidemment, plusieurs facteurs sont à l’origine de ce phénomène. D’abord,
l’apparition du numérique au tournant des années 2000 constitue une base évidente, sur le plan des outils proposés comme sur le plan de l’accès à la culture web. L’une des caractéristiques communes selon Laza, qui est d’ailleurs valable pour l’ensemble du secteur audiovisuel à Madagascar, c’est « qu’il n’y a pas vraiment de référence cinématographique nationale à laquelle s’identifier, les références africaines comme [Ousmane] Sembène, [Souleymane] Cissé, etc. sont trop loin pour être en lien avec cette jeune génération. Nous avons une originalité, certainement due à notre insularité, mais la référence, sans aucun doute, c’est Internet ! ».
Ensuite, très paradoxalement comme le rappelle le réalisateur Laza, la fermeture des salles a eu un effet un peu inattendu. Lorsque la totalité des salles de cinéma a fermé ses portes, les malgaches ne voyaient plus leur propres images, ni leur propres histoires. Alors la bande dessinée s’est substituée au cinéma dans cette recherche d’image de soi. La BD s’est alors développée et professionnalisée et avec elle est né un vivier de dessinateurs, amateurs de dessins, mangas, etc. C’est sur ce terreau fertile pour le dessin et l’illustration qu’au bout de quelques années, une poignée de jeunes s’est lancée dans l’animation. Quelques publicités animées voient alors le jour et quand la première édition des RFC ouvre ses portes en 2006, les animateurs en puissance en profitent pour éclore à côté du festival. En 2011, la catégorie animation finit par être créée, tant les films gagnent en qualité et en professionnalisme. C’est alors que les animateurs se sont révélés, parce qu’ils pouvaient profiter d’un débouché et de propositions de formations.
Depuis, une quinzaine de films courts d’animation sont produits chaque année. Une partie d’entre eux connaissent une vraie carrière internationale, très souvent propulsés par les Rencontres du Film Court, véritable lieu de formation et révélateur de talent.
En une décennie, l’animation est devenue un secteur porteur à Madagascar, mais surtout les animateurs malgaches sont désormais reconnus à l’international, au festival d’animation d’Annecy, au festival international de courts-métrages de Clermont-Ferrand, l’école des Gobelins à Paris, ainsi qu’aux festivals de Berlin, Fribourg, et ailleurs dans le monde.