L’étude proposée par le BIEF sur l’achat et la vente de livres numériques permet donc de poser des questions qui dépassent le seul cadre juridique. Elle traduit les craintes et les espoirs manifestés par la profession, à une échelle internationale. Elle esquisse également des modèles que promeuvent aujourd’hui certains acteurs du livre numérique comme le consultant américain Brian O’Leary qui
plaide depuis quelques mois pour la production de commentaires, biographies, critiques autour d’un livre, assurée par les utilisateurs eux-mêmes, afin d’augmenter le référencement des livres et leur visibilité, alors qu’ils subissent une concurrence de plus en plus importante. Si les éditeurs traditionnels interrogés restent encore très prudents, il faut cependant souligner l’audace de certaines expérimentations, certains professionnels en effet produisent des contenus
transmédias, exploitent les possibilités des tablettes, revisitent le
journalisme fictionnalisé, adaptent de façon convaincante des
ouvrages classiques ou des
best-sellers. Les efforts consentis à de telles productions limitent cependant leur généralisation et exigent des éditeurs un travail éditorial en amont pour déterminer leur utilité, compte tenu de la cible envisagée. Les modèles sont peut-être à puiser dans l’édition jeunesse, très dynamique, que ce soit d’un point de vue créatif, économique ou réflexif comme a pu l’attester le
Tools of Change de Bologne le 27 mars 2011 au cours duquel quelques principes de bon sens ont été rappelés (nécessité de simplifier les applications, stratégies pour diminuer leurs coûts de production - revente du code produit, réutilisation -, diffusion sur plusieurs plateformes, adoption de l’HTML 5, vente à l’unité, nécessité pour les auteurs de se familiariser avec de nouveaux outils). Les chiffres de ventes,
encourageants, devraient cependant finir de convaincre les plus réticents à faire le pari du livre numérique, que même la
Foire de Lisbonne, réservée jusque-là, a adopté pour l’édition 2011. Une juste mesure est sans doute à trouver.
Le site MCSweeneys a ainsi rappelé, dans un article au ton satirique, que la soumission au numérique pouvait également avoir ses limites et finir par caricaturer ceux qui le promeuvent.
L'étude complète, réalisée par Perceval Pradelle, est
disponible sur le site du BIEF.
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Crédit photo : capture d'écran du site Internet du
BIEF.