L'édition, seul secteur qui ne connait pas la crise
La branche édition est de loin la plus rentable du groupe. Grace à Hachette livre, le groupe est le deuxième éditeur mondial (derrière
Pearson) et le premier d'Europe. Il est présent dans tous les secteurs de la littérature, à l'éducation, aux dictionnaires en passant par les guides illustrés avec, en France, des marques aussi diverses qu'Armand Colin, Calmann-Lévy, Éditions du Chêne, Éditions Didier, Éditions Stock, Fayard, Grasset, Hachette Collection, Harlequin, Harrap, Hatier, JC Lattès, Larousse, Le Routard, Le Livre de poche, Marabout, etc
. Le groupe est bien implanté au Royaume-Unis (avec Harrap's et Octopus Publishing Group) ainsi qu'aux États-Unis (avec les anciens Warner Book), en Australie, en Espagne, etc.
Le succès planétaire de la saga Twillight de Stephenie Meyer (30 millions d'exemplaires vendus en 2009) éditée par Young Readers (États-Unis) a apporté des liquidités à la filiale qui s'est également illustrée par la publication des mémoires du sénateur Ted Kennedy ou, en France, par Un roman français de Frédéric Beigbeder (prix Renaudot). Malgré ses bons résultats, le groupe fondé sur des acquisitions, doit aujourd'hui affronter le virage numérique qui va bouleverser le monde de l'édition. Il va falloir développer de larges plateformes adéquates et performantes et, surtout, se battre pour ne pas laisser les géants d'Internet (Google, Apple, Microsoft, etc.) dominer ce segment au risque de voir son modèle économique mis en danger comme l'a été l'industrie du disque. C'est probablement un des plus importants défis industriels de la décennie à venir que Lagardère doit affronter avec des moyens inférieurs aux pure-players.
Dans les médias, le groupe réalise la moitié de ses recettes en France avec, évidemment, la puissante branche magazine du groupe (Elle, Télé 7 Jours, Fémina, Paris Match, etc.), mais aussi les radios Europe 1, RFM et Virgin Radio, la chaîne Gulli (co-détenue avec le groupe France Télévisions), des chaînes du câble et du satellite (June, Canal J, MCM, Mezzo, etc.) et dans la production de programmes télé (Julie Lescaut, Joséphine Ange Gardien, C dans l'air ou Mafiosa, etc.).
À l'international, le groupe possède 25 stations de radio de part le monde avec une forte implantation en Europe de l'est. Elle possède ainsi des filiales notamment en Russie (Europe Plus ou Retro FM), en Pologne, en Roumanie, en République Tchèque, en Slovaquie, en Allemagne ou en Afrique du Sud.
Mais l'essentiel du développement international du groupe repose sur les déclinaisons de ses magazines phares. Ainsi
Elle compte plus de quarante trois versions dans le monde (la dernière version en date
lancée au Vietnam le 21 octobre 2010).
Psychologie,
Elle déco,
Car and Drivers ou
Women's day sont également très déclinés. La plupart du temps, Lagardère s'associe à un opérateur local et a ainsi investi dans de nombreux pays émergeants, donc stratégiques (Russie, Chine, Brésil, Inde, etc.). La présence de ses titres en Asie du sud a permis au groupe de bien résister à la crise financière. Seule limite au développement de ces titres, les réglementations internationales sévères en matière de presse. Par protectionnisme, certains États ne laissent au groupe que la possibilité de commercialiser ses marques sous forme de licences éditées par des nationaux.
S'il est un acteur important des médias de la planète, Lagardère n'a pas l'aura d'un Murdoch (News Corporation) ou même de Vivendi, de TF1 ou de Bertelsmann, car il ne possède pas de chaînes de télévision importantes. Arnaud Lagardère assure y avoir renoncé après les déboires de La Cinq, fermée en 1992, et l’expérience Canal+ qu'il aurait pu acheter en 2002 lorsque cette entreprise accumulait les problèmes financiers lors de la mise à pied de Jean-Marie Messier. Aujourd’hui, Arnaud Lagardère ne juge « pas stratégique » d’investir dans un gros network télévisé.
La filiale média est également concurrencée par Internet. Contrairement aux objectifs ambitieux annoncés, le groupe a peiné à lancer des portails Internet puissants autour de ses marques phares comme
Elle. Arnaud Lagardère avait fixé l'objectif d'être leader sur Internet en France mais cela semble être l’un des plus flagrants échecs des managers actuels, malgré l'acquisition de
Doctissimo en 2008 ou de
Nextedia, l'agence de publicité interactive. Des acquisitions qui viennent masquer la faiblesse d’une offre qui n’arrive pas à la hauteur de Dailymotion, Orange, LeMonde.fr, LeFigaro.fr ou même des sites de TF1 et M6.
Non content de fabriquer des journaux, Lagardère les distribue. Présent dans 18 pays, le groupe est leader mondial de ce marché grâce aux enseignes Relay en France ou Newslink en Australie et à Singapour. Le groupe distribue également des produits culturels (et notamment ses livres) via les Virgin Megastor implantés en France, en Allemagne, en Australie, en Allemagne, en Chine et aux États-Unis. Moins visible que les autres branches du groupe, cette activité réalise tout de même 43 % du chiffre d'affaires total du groupe (en 2009) et contribue à 18 % des bénéfices du groupe. Cependant cette activité ne dégage qu'une marge faible aux alentours de 3 % (loin des 13 % de marge de la branche édition).