Festival et Internet : une relation utilitaire
Dès lors, l’alliance du festival et du web se révèle à première vue contre nature, puisque le web est un espace ouvert, illimité et non exclusif. Comme outil de communication, il sert généralement à toucher le public le plus large possible selon différents canaux. Pour l’industrie du cinéma, il est encore largement associé au piratage ou à de faibles revenus (la vidéo à la demande).
Pour autant, les festivals commencent à s’appuyer sur le web pour développer une stratégie digitale adaptée à leurs ambitions. Il faut à ce titre rappeler que les enjeux sont bien différents pour les festivals « professionnels » et les festivals ouverts au grand public.
Le web a été rapidement mis à profit par les festivals pour simplifier la relation à leur public cible.
Le web a été rapidement mis à profit par les festivals pour simplifier la relation à leur public cible : facilitation du processus d’accréditations, billetterie en ligne, informations régulières, ressources et matériel pour la presse. Le site du festival constitue une vitrine plus ou moins riche, avec des espaces à accès restreint pour certaines catégories de visiteurs.
Certains services se sont développés autour des opportunités permises par le web, en particulier pour le public professionnel. Le site Festival Scope propose depuis quelques années une partie de la programmation de festivals du monde entier à ses abonnés (nécessairement professionnels du secteur et souscripteurs d’un abonnement). Cette offre, qui ne comprend généralement pas les films et les festivals les plus en vue, remplace d’une certaine manière les screeners que proposent les distributeurs à certains de leurs partenaires pour leur permettre de voir le film chez eux sur DVD.
Internet est aussi utilisé par les journalistes comme outil de diffusion de leurs critiques et avis, raccourcissant encore le temps entre la première projection du film et la cristallisation de sa réputation dans l’espace public et critique. Désormais, la réputation du film peut se faire dès la sortie de la première projection : les tweets fusent depuis la salle, qualifiant les films en quelques caractères lapidaires. Les festivals canalisent ces pratiques pour leur donner plus de visibilité, préparant des hashtags officiels et relayant une sélection de messages sur leurs comptes officiels.
Dans le même temps, les organisateurs cherchent à éviter la mauvaise presse et les effets contre-productifs du buzz par plusieurs pratiques : il est ainsi interdit aux journalistes non accrédités « photographes » de prendre en photo la montée des marches à Cannes, de peur sans doute que des images peu flatteuses soient relayées hors des médias « officiels ».