L’indépendance des médias : mission impossible ?

L’indépendance des médias : mission impossible ?

Le sociologue Patrick Champagne étudie les rapports de force auxquels sont soumis les médias.

Temps de lecture : 12 min

Comme son sous-titre l’indique, le dernier essai de Patrick Champagne, La double dépendance, porte « sur le journalisme ». La double dépendance, c’est d’une part la dépendance des médias vis-à-vis du champ économique et d’autre part leur dépendance vis-à-vis du champ politique. Ces dépendances, Patrick Champagne en propose une approche sociologique. L’objectif de son livre – basé sur l’analyse détaillée d’un nombre important d’événements et de leur traitement journalistique – est de proposer des outils et une grille de lecture pour mieux comprendre l’actualité. Ce court essai, très agréable à lire et facilement accessible, est organisé en quatre chapitres : « L’événement comme enjeu », « La double dépendance », « La fin d’un magistère », et « Les médias, "la pensée par sondages" et internet ».

La question de l’événement

Dès l’introduction et dans le premier chapitre, sans doute le plus intéressant du livre, Patrick Champagne réfléchit aux conditions qui font d’un « fait » une « information », puis d’une « information » un « événement ». Cette question essentielle est d’autant plus importante aujourd’hui que le traitement du terrorisme par les médias est interrogé de toutes parts, du fait tout d’abord de ce que l’on appelle communément les « ratés » de la couverture médiatique qui peuvent aller d’ « approximations » ou de nouvelles erronées jusqu’à la mise en danger d’individus, on l’a vu au moment des événements de Charlie. Mais ce traitement est également interrogé du fait du caractère parfois inapproprié de ce qui est diffusé, en particulier à la télévision (dans le cadre de l’attentat de Nice, France Télévisions a dû présenter des excuses à la suite de son traitement de l’événement). Enfin, au-delà des dérapages « évidents » et des atteintes à la déontologie, une véritable réflexion est à mener sur la pertinence pour les médias de diffuser les photos et les noms des terroristes. En leur offrant cette visibilité, les médias ne risquent-il pas d’ériger les terroristes en stars ?

Patrick Champagne n’évoque pas cette question du traitement médiatique du terrorisme, mais les idées qu’il propose dans son livre offrent des pistes de réflexion qui pourraient s’y appliquer. D’après la définition qu’il en donne, l’événement est« un fait qui est constitué comme information, qui est lié à l’actualité qui est en train de se passer ou qui va se produire, qui parvient jusqu’aux journalistes et qui est considéré sur le moment comme suffisamment important pour faire l’objet d’une présentation particulière et valorisante. » (p. 20-21).
 
 Les journalistes ne se contenteraient plus de rendre compte de faits qui s’imposent à eux mais fabriqueraient l’événement 
La question essentielle est ainsi de savoir si « les journalistes se bornent à enregistrer les événements » ou si « ils les co-produisent » (p. 21). Patrick Champagne s’appuie sur l’Histoire pour y répondre et la réponse qu’il apporte est innovante. Selon lui, à l’origine, la presse ne faisait que rendre compte d’événements qui s’imposaient à elle : « la presse, à l’origine, rendait compte d’événements qui n’existaient ni par elle ni pour elle » (p. 29). Aujourd’hui, au contraire, les journalistes ne se contenteraient plus de rendre compte de faits qui s’imposent à eux mais feraient l’événement. Ils le fabriqueraient. Comment expliquer cette évolution de la fonction des journalistes ? On voudrait que Patrick Champagne nous éclaire encore davantage sur cette évolution historique et détaille plus sa compréhension du passage du journaliste « enregistreur » au journaliste « producteur », car l’enjeu est de taille. Mais ce premier chapitre a le mérite de mettre au centre de sa réflexion sur le journalisme cette problématique essentielle. Car si les journalistes font l’événement et sont doublement dépendants, alors c’est la qualité de l’information à laquelle les citoyens ont accès qu’il faut interroger.
 
Il serait d’ailleurs intéressant d’avoir le point de vue normatif de Patrick Champagne sur cette évolution qu’il met à jour. Doit-on déplorer selon lui la situation actuelle et considère-t-il que le rôle des journalistes devrait se réduire à rendre compte de « faits » ? Il le laisse entendre sans se prononcer clairement sur ce point. Or, personne ne conteste que si les lecteurs, auditeurs et téléspectateurs ont besoin des journalistes, c’est justement parce qu’ils ont besoin d’un intermédiaire entre le monde – les faits – et eux. L’une des fonctions premières du journaliste est de hiérarchiser l’information, ce qui revient à hiérarchiser les faits et à choisir d’en transformer certains (plutôt que d’autres) en événements. Ce qui est essentiel, ce sont les conditions d’in-dépendance dans lesquelles cette transformation se fait.

Quelle indépendance pour les journalistes ?

Dans le deuxième chapitre de son essai qui en reprend le titre, « La double dépendance », Patrick Champagne explicite ce qu’il entend par dépendance. La dépendance, c’est d’une part selon lui la dépendance vis-à-vis du champ politique, et d’autre part la dépendance vis-à-vis du champ économique. Ce chapitre, peut-être plus attendu et moins original que le premier, pose néanmoins un certain nombre de questions clefs de façon extrêmement claire.

Patrick Champagne insiste en particulier – et à raison – sur le fait qu’il n’est pas possible de parler des journalistes « en général », comme il le note d’ailleurs dès l’introduction de son ouvrage : « Tous les médias n’ont pas (…) la même capacité à agir et sur le champ du journalisme et à imposer leurs choix éditoriaux à l’ensemble des médias. (….) L’analyse de la production des événements met en évidence la diversité du monde du journalisme et l’existence d’une hiérarchie entre les différents supports. Autrement dit, « le journaliste » n’existe pas. Ce qui existe, ce sont des journalistes qui occupent des positions déterminées (…) dans des journaux (…) qui constituent ce qu’il faut bien appeler un champ journalistique. » (pages 8 et 9). Il aurait d’ailleurs pu sous-titrer son essai « Sur leS journalismeS ». Toutefois, alors qu’il revendique une approche sociologique des médias, le livre aurait sans doute pu insister davantage sur les différentes figures du journalisme. On peut également regretter l’absence d’une analyse quantitative. Il serait par exemple particulièrement intéressant d’en savoir plus sur les origines, la formation, les revenus des journalistes « papier » par rapport aux journalistes de télévision ou de radio dont il souligne à raison qu’ils n’occupent pas la même position dans le champ journalistique.
 
On pourrait également être tenté d’élargir la définition que Patrick Champagne propose de la dépendance économique. Selon lui, le monde du journalisme n’est instrumentalisé par le champ économique que comme « support de publicité ». Personne ne contestera l’instrumentalisation des médias par la publicité – et d’autant moins aujourd’hui à l’ère de la « publicité native ». Il existe toutefois d’autres dimensions contemporaines de l’instrumentalisation des médias par le champ économique, qui auraient également pu être évoquées.
 
On pense notamment à la question clef de l’actionnariat des médias, et notamment à l’accélération en France depuis 2010 de la concentration des médias d’information entre les mains d’un certain nombre d’acteurs – par exemple des télécommunications – extérieurs au secteur des médias. (L’association Acrimed, dont Patrick Champagne est l’un des fondateurs, se penche d’ailleurs régulièrement et avec beaucoup de pertinence sur les conséquences de cette concentration.) Or, il apparaît clairement que pour au moins un certain nombre de ces nouveaux actionnaires, une partie des motivations derrière ces acquisitions sont d’ordre économique. Un seul exemple mais ils sont légion : derrière le groupe Canal Plus, il y a les centaines de milliers d’abonnés en Afrique, où Vincent Bolloré fait la majeure partie de ses affaires.
 
 La dépendance économique, c’est également la précarisation de la profession 
D’autre part, en se concentrant essentiellement sur la question de l’influence publicitaire, Patrick Champagne fait également l’impasse sur les conditions économiques de la production de l’information. Or la dépendance économique, c’est également la baisse du nombre de journalistes (qui les rend plus dépendants de leurs actionnaires car il devient plus difficile de faire jouer la clause de cession dans un contexte où l’ensemble des médias diminuent la taille de leurs rédactions) et la précarisation de la profession.
 
Il est d’autant plus dommage que Patrick Champagne n’intègre pas dans son livre ces conditions économiques de la production de l’information qu’il oppose à plusieurs reprises le « capital économique » et le « capital symbolique » des médias. Selon lui, par exemple, un journal comme Le Monde disposerait d’un très haut capital symbolique mais pas de capital économique. Or le capital symbolique (on pourrait parler plus simplement de la réputation) du Monde est en grande partie le fruit de son capital économique. Et en particulier de sa capacité à rémunérer un grand nombre de journalistes de qualité dans un contexte généralisé de diminution des rédactions. On comprend ce que Patrick Champagne entend par la faiblesse du capital économique du Monde, et les multiples recapitalisations dont le journal a eu besoin (la dernière en date étant celle de 2010 qui a vu disparaître rédacteurs et lecteurs comme actionnaires de référence) en témoignent. Il existe toutefois d’autres dimensions du capital économique – en particulier les recettes de vente et de publicité et l’importance de la masse salariale – qui auraient également pu être mises en avant par l’auteur.
 
Patrick Champagne sous-estime également la dépendance politique, sur laquelle il passe rapidement. Selon lui, « l’activité journalistique paraît, dans les régimes de type démocratique, peu soumise au pouvoir politique » (p. 71). Certes, le pouvoir politique entendu comme les gouvernements, n’exerce plus sur l’information publique l’influence qu’il a pu exercer jusqu’au début des années 1970, et la BBC au Royaume-Uni comme France Télévisions en France sont des médias totalement indépendants et protégés par leurs statuts. Mais cela est loin d’être le cas dans toutes les démocraties, et l’audiovisuel public italien en particulier souffre d’un véritable manque d’indépendance par rapport aux pouvoirs politiques en place. (Sans parler de ce qui se passe actuellement dans des « démocraties » comme la Pologne ou la Turquie.) Surtout, ce n’est pas parce que les médias sont indépendants du pouvoir politique qu’ils ne sont pas dominés par le champ politique. Il suffit de penser à Fox News et Rupert Murdoch aux États-Unis. Une fois encore les exemples sont légions, y compris en France, où l’on s’interroge aujourd’hui sur les motivations politiques derrière le licenciement d’une Aude Lancelin, directrice adjointe de la rédaction de L’Obs.

L’audience : l’autre dépendance ?

Si Patrick Champagne insiste autant sur l’influence publicitaire, c’est parce que l’autre dépendance qu’il semble craindre pour le journalisme, même s’il ne le formule pas aussi directement, c’est la dictature de l’audience. (Or une audience suffisante est une condition nécessaire à des revenus publicitaires.)
 

Le troisième chapitre de son livre, « La fin d’un magistère », propose de très longs développements sur la question des médiateurs, en particulier ceux du journal Le Monde. Pourquoi cela ? Parce que selon lui (thèse que certains pourront contester, mais qui me semble néanmoins très intéressante), c’est le médiateur qui a fait rentrer le principe de l’audience à l’intérieur du Monde : « en s’effaçant ainsi derrière son courrier, le médiateur fait entrer discrètement, comme principe régulateur du travail journalistique au Monde même, la logique de l’audience (ou de l’audimat), c’est-à-dire la logique qui tend à dominer les médias dominants, et au-delà, l’ensemble du champ de production journalistique. » (p. 120). Ce chapitre est une mine pour quiconque s’intéresse aux médiateurs, et Patrick Champagne a lu de très près nombre de leurs articles. On peut néanmoins interroger l’assimilation qu’il fait entre médiateurs et logique d’audience : fondamentalement, ce n’est pas nécessairement « l’audience » qui écrit au journal et à laquelle les médiateurs répondent, mais plutôt ceux de ses lecteurs qui se plaignent de ses dérives commerciales.
 
Patrick Champagne ouvre ici des pistes de recherche prometteuses, et il serait intéressant – même si le défi empirique est de taille – de quantifier ces dérives et d’étudier plus systématiquement dans quelle mesure elles sont liées à l’introduction de médiateurs dans différents journaux. Surtout, il serait utile de mieux mesurer les liens de causalité entre les mouvements d’audience d’une part et les dérives commerciales de l’autre.
 
Patrick Champagne poursuit de manière intéressante sa réflexion sur la question de l’audience dans le quatrième et dernier chapitre de son livre, « Les médias, "la pensée par sondages", et Internet ». Si les critiques qu’il fait du recours aux sondages sont relativement attendues (même si certaines de ses formules peuvent être étonnantes, comme à la page 148 : « le développement constant de la pratique des sondages n’est sans doute pas sans relation avec le retrait de l’État comme agent de régulation du monde social à la faveur d’un néolibéralisme qui, après le terrain économique, a progressivement investi la politique puis la culture. »), on apprend beaucoup dans ce dernier chapitre sur le développement historique des différences mesures d’audience à la télévision. Mais on aurait voulu que le sociologue – qui, comme l’ont montrés ses précédents travaux, est l’un des meilleurs spécialistes de cette question des sondages – interroge davantage le pourquoi, et notamment le pourquoi économique, du recours grandissant au sondage. Car les sondages sont de plus en plus souvent pour les médias une manière de produire du contenu à bas coûts, et il serait d’ailleurs intéressant dans le futur de tenter de réfléchir davantage à la place croissante des contenus générés par les agences de conseil en relations publiques dans les médias.

Comment sortir de ces dépendances ?

Dans la conclusion de son livre, « Pour un service public de l’information », Patrick Champagne reprend pour l’essentiel le « Projet pour une presse libre » de Pierre Rimbert.
 

Cette proposition est extrêmement intéressante et mériterait une critique propre. Pierre Rimbert pense la production d’une information de qualité soustraite à la loi du marché comme aux pressions du pouvoir, en d’autres termes et pour reprendre la terminologie de Patrick Champagne, une information de qualité soustraite à la dépendance économique et à la dépendance politique. Il propose la création d’un « service mutualisé d’infrastructures de production et de distribution de l’information » qui intégrerait – entre autres – les imprimeries, le papier, les messageries, les kiosques, les locaux, les serveurs, les outils de stockage et de diffusion, les moyens de recherche et de développement, les services administratifs, comptables, juridiques, commerciaux… Le plus simple est peut-être de souligner ce qui n’y serait pas intégré : les seuls journalistes.
 
Au-delà des questions liées à la mise en place concrète d’un tel niveau d’intégration qui semble relever de l’utopie, et de celles liées à son financement (Pierre Rimbert propose – tout simplement – de faire table rase de l’intégralité des aides à la presse en faisant le pari d’un déversement suffisant des recettes publicitaires de la presse d’information vers la presse récréative), on peut reprocher deux choses à la proposition de Pierre Rimbert.
 
D’une part, d’ignorer totalement l’existant. Il ne fait référence à l’Agence France Presse (AFP) qu’au détour d’une phrase, en soulignant que le Service commun engloberait « les infrastructures de l’AFP ». Mais l’AFP vaut bien plus par ses journalistes (qui sont exclus du Service commun proposé par Pierre Rimbert) que par ses infrastructures. Or l’Europe a reconnu en 2015 la mission d’intérêt général de l’AFP et, depuis cette date, la contribution financière de l’État en faveur de l’AFP se décompose en un abonnement aux services de l’AFP d’une part, et une subvention pour compensation du coût net des missions d’intérêt général d’autre part. Pierre Rimbert ne l’explicite pas entièrement mais, de toute évidence, ses calculs visant à supprimer l’intégralité des aides à la presse supprime également cette subvention. Pourquoi faire table rase d’un système visant à produire de manière non lucrative (c’est le cas de l’AFP) une information de qualité qui profite à l’ensemble des médias d’information politique et générale ?
 
De plus, Pierre Rimbert se fait l’avocat de la mise en place d’un Service commun de distribution sans même mentionner le fait qu’en France, depuis la loi Bichet de 1947 (qui est une spécificité française et qui explique la richesse du nombre de titres qui sont aujourd’hui publiés en France par rapport à de nombreux autres pays), « le groupage et la distribution de plusieurs journaux et publications périodiques ne peuvent être assurées que par des sociétés coopératives de messageries de presse ». Sans même évoquer également que si Presstalis existe déjà, tout le monde s’accorde aujourd’hui sur la nécessité de le réformer. Pourquoi ne pas penser une réforme – nécessaire – de la distribution coopérative de la presse en France plutôt que de proposer un nouveau Service commun comme si rien de tout cela n’existait ?
 
D’autre part et surtout, en excluant les journalistes de son Service commun, Pierre Rimbert fait l’impasse sur une question pourtant centrale aujourd’hui : celle de l’indépendance des journalistes par rapport à leurs actionnaires. Alors qu’il réfléchit aux modalités de direction de son Service commun, il fait abstraction de celles des entreprises de presse qui en profiteraient (et qui seraient toujours responsables de la masse salariale des journalistes). Pierre Rimbert a raison d’affirmer que les médias français (au-delà de la seule presse) ont besoin d’un modèle radicalement différent. Dans Sauver les médias (2015), j’ai d’ailleurs proposé un nouveau modèle économique et juridique pour les médias : la société de médias à but non lucratif, à l’intersection entre la fondation et la société par actions, qui vise lui-aussi à soustraire les médias à la seule loi du marché.
 
Au-delà de nos différences, je voudrais insister sur le fait que nos deux solutions partagent une dimension essentielle : l’aspect non lucratif (puisque que pour profiter du Service commun proposé par Pierre Rimbert, la presse d’information d’intérêt général devrait adopter le statut d’entreprise à but non lucratif). Je pense toutefois que la priorité aujourd’hui est de donner davantage de pouvoir de décision aux journalistes d’une part et aux lecteurs de l’autre, afin d’assurer la production d’une information de qualité en toute indépendance.
 
On ne peut d’ailleurs que regretter que Patrick Champagne n’offre pas de pistes de solutions qui lui soient propres, car, on le voit, les enjeux sont multiples. Il mentionne par exemple au début du deuxième chapitre de son ouvrage « l’adoption sérieuse par la profession d’une quelconque charte engageant réellement un milieu journalistique qui se dit très attaché à la liberté tout en acceptant la loi du marché » (p. 63). Le lecteur, en ces temps de discussion de loi sur la dépendance des médias et de chartes de déontologie, aimerait que le sociologue lui donne à lire ce que devrait être selon lui le contenu d’une telle charte.

Et Internet dans tout ça ?

On aurait pu souhaiter également que le sociologue consacre moins d’espace et d’énergie à un certain nombre de ses obsessions – comme la privatisation de TF1 en 1986, décision qui a certes eu des conséquences très négatives sur le paysage des médias en France – et davantage à la réalité du journalisme aujourd’hui : Internet. Internet n’apparaît en effet qu’à la page 168 de son livre (qui en compte 180) et encore de façon extrêmement rapide.
 
Tout au long de son ouvrage, Patrick Champagne se focalise de manière peut-être excessive sur les médias « qui comptent ». Mais il fait abstraction des réseaux sociaux. Or, les réseaux sociaux sont essentiels aujourd’hui dans le passage du « fait » à l’« information » et de l’« information » à l’« événement ». De même, la distinction qu’il fait entre les différentes formes du journalisme est en partie dépassée aujourd’hui à l’heure d’Internet (tout comme d’ailleurs la différence sur laquelle il insiste entre les médias à grande diffusion d’une part et la presse écrite d’autre part). Les journalistes peuvent travailler pour différents supports « hors ligne » alors même que le travail qu’ils effectuent pour ce support « en ligne » est de plus en plus similaire. Les sites internet des journaux papiers et des chaînes de télévision tendent de plus en plus à être identiques. Patrick Champagne fait abstraction de cette évolution.
 
En conclusion, au-delà de ces quelques limitations, je voudrais toutefois insister de nouveau sur les immenses apports de ce livre, dont la lecture est hautement recommandée à tous ceux qui s’intéressent à l’avenir des médias.

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