Des centaines de chaînes spécialisées se partagent enfin des portions congrues d’audience. 405 chaînes d’actualité sont ainsi en concurrence pour moins de 4 % de part de marché. Les chaînes en anglais, positionnées haut de gamme avec leur offre d’abonnements en haute définition et sans publicité,
peinent à rassembler 1 % des téléspectateurs, essentiellement jeunes et urbains. Il est vrai que le niveau de censure est tel qu’il peut décourager: le moindre décolleté est traqué et flouté et tous les termes pouvant se référer de près ou de loin à l’anatomie féminine et à l’acte sexuel sont impitoyablement coupés. Les fans de
Games of Thrones se plaignent d’ailleurs d’épisodes très sensiblement raccourcis et
le téléchargement illégal de la série aurait augmenté de 155 % en 2014. Les chaînes musicales se débattent
avec les évolutions des modes de consommation musicale. Elles misent sur les supports numériques et innovent dans l’offre multi-écrans pour conserver leurs 3 % d’audimat.
La religion influence l’ensemble de la grille des programmes des chaînes indiennes
On voit aussi apparaître de nouvelles chaînes culinaires. Avec la hausse du niveau de vie, le développement de nouvelles chaînes de restaurants et l’apparition d’épiceries haut-de-gamme, les indiens découvrent d’autres cuisines, ont accès à de nouveaux ingrédients et
se prennent de passion pour les émissions culinaires auxquelles ils consacreraient 8 minutes par jour. Restent les chaînes religieuses, qui ont amusé plus d’un touriste occidental de passage dans sa chambre d’hôtel, puisqu’elles consistent essentiellement en images statiques d’un gourou vêtu d’orange récitant des mantras tout en dodelinant de la tête.
0,5 % des indiens regarderaient ces chaînes ce qui ne doit surtout pas présager d’un désintérêt pour la spiritualité, bien au contraire. Loin d’être cantonnée à ces chaînes de niche, elle influence l’ensemble de la grille des programmes des chaînes indiennes. Non seulement les séries mythologiques y font les beaux jours de l’audimat, mais les chaînes n’hésitent désormais plus à mêler télé-réalité et religion, comme dans
Bhakti Smarat, la toute nouvelle émission de la chaîne Big Magic Ganga qui a pour ambition de « connecter la jeunesse à Dieu » en organisant une grande chasse au talent … de chanteur de musique dévotionnelle. De l’art de s’attirer la bienveillance des dieux qui, en Inde, président aussi aux destinées des chaines de télévision.