La liberté d'expression est souvent menacée par le "droit à s’offusquer" qui règne dans la société indienneCar elle est souvent menacée par le « droit à s’offusquer » qui règne en maître dans la société indienne, encourageant certaines factions à recourir à la violence pour se faire justice. Et les lois rétrogrades sur la sédition héritées de l’empire britannique, les mêmes qui ont rendu possible l’arrestation de Mahatma Gandhi par les autorités coloniales de l’époque, permettent encore aujourd’hui d’entraver le travail des journalistes qui couvrent les zones séparatistes ou en proie à la guérilla maoïste. Comme le fait remarquer le journaliste et économiste Omkar Goswani, en soi, réclamer l’indépendance du Cachemire devrait-il justifier une arrestation ?
La liberté de la presse est entravée par le triptyque tracas judiciaires, dépendance publicitaire et autocensureEn dépit de l’attachement de la société civile à la liberté d’expression et de la protection offerte par la constitution (art 19-1), il n’est pourtant pas facile d’exercer le métier de journaliste en Inde. L’Inde est classée 136ème sur 180 pays en termes de liberté de la presse par Reporters Sans Frontières. Les assassinats de journalistes surviennent régulièrement : le dernier en date concerne un journaliste qui enquêtait sur des activités minières illégales dans l’Uttar Pradesh. Il n’est également pas rare d’être agressé ou menacé, comme la journaliste Malini Subramaniam qui enquête sur les malversations policières dans les zones tribales de Chhattisgarh. Travailler dans certaines zones sensibles – celles où les militants séparatistes ou les guérilleros maoïstes s’opposent au gouvernement – est d’ailleurs un véritable exercice d’équilibriste, entre le risque d’être pris pour un agent du gouvernement ou un allié des insurgés et les pressions de la police qui souhaiteraient faire des journalistes leurs informateurs. Mais au delà de ces événements sensationnels et qui sont d’ailleurs très largement relayés par la presse nationale, la liberté de la presse est plus subtilement, et plus discrètement entravée par le triptyque tracas judiciaires, dépendance publicitaire et autocensure.
If anyone shouts anti India slogan & challenges nation's sovereignty & integrity while living in India, they will not be tolerated or spared
— Rajnath Singh (@BJPRajnathSingh) February 12, 2016
La journaliste Emmanuelle Daviet pilote le projet Interclass’, lancé par France Inter en septembre 2015. Elle revient sur ce programme créé dans la foulée de l’attentat contre Charlie Hebdo et qui vise à initier des collégiens et lycéens aux médias et à l’information.