Distinguer un film X d’un autre type de film est facile, mais distinguer ce qui doit être interdit aux moins de 16 ans et aux moins de 18 ans ne l’est pasCe film, originellement interdit aux moins de 16 ans par la ministre de la Culture et de la Communication après deux avis de la commission de classification, a vu son visa suspendu en raison de son contenu qui méritait, selon le Tribunal administratif, une interdiction aux mineurs. La distinction entre ces deux interdictions est à l’origine de la plupart des contentieux récents relatifs aux visas d’exploitation devant la justice administrative. Le Code du cinéma n’est pas d’une grande aide pour la commission et la ministre : seuls les films interdits aux moins de 18 ans et les films c lassés X y sont faiblement qualifiés. On sait ainsi qu’un film sera interdit aux moins de 18 ans s’il comporte des scènes de sexe non simulées sans pour autant mériter, en raison de la façon dont elles sont filmées et du thème traité, une classification X. Le film X a pour sa part une vertu masturbatoire ce qui permet de le distinguer facilement des autres types d’œuvres. Pour résumer, le Code du cinéma et la jurisprudence nous enseignent qu’un film qui comporte des scènes de sexe non simulées pourra être interdit aux moins de 16 ans, aux moins de 18 ans ou être classé X.
La décision du Tribunal administratif de Paris apporte plus de confusions que de clartéAu-delà du film stricto sensu, la décision du Tribunal administratif de Paris apporte plus de confusions que de clarté. Jusqu’ici, il était tout à fait possible d’anticiper le type de visa attribué à un film traitant de la sexualité de façon crue. Aujourd’hui, la prévisibilité des visas d’exploitation semble avoir disparue. Cette absence de lisibilité a des conséquences importantes sur la vie économique des films. Les producteurs et les distributeurs ont besoin de pouvoir déterminer les restrictions qui accompagneront leurs films pour anticiper les éventuels retours sur investissement lors des différentes formes d’exploitation : un film interdit aux mineurs n’aura pas la même diffusion qu’un film interdit aux moins de 16 ans. La décision relative au film Love et sa comparaison avec les solutions dégagées pour les deux parties du film Nymphomaniac démontrent que l’attribution de visas aux films traitant de la sexualité est aujourd’hui illisible.
Une solution : supprimer l’interdiction aux moins de 18 ans, pour ne conserver que la classification XUne remise à plat du système de qualification de ces films semble inévitable afin de permettre une plus grande cohérence entre les décisions administratives et leur contrôle par le juge administratif. Une solution serait de supprimer l’interdiction aux moins de 18 ans et de ne conserver que la classification X, à condition que soit mieux précisée par le Conseil d’État le caractère pornographique d’une œuvre au sens du Code pénal. L’article 227-24 du Code pénal, qui dispose que le fait de fabriquer, de transporter, de faire commerce ou de diffuser un message à caractère violent ou pornographique constitue un délit lorsqu'il est susceptible d'être vu ou perçu par un mineur, et sur la base duquel, en l’absence d’alternative, le Conseil d’État avait classé X le film Baise-moi (2000)(1), ne viserait alors que les films réellement pornographiques au sens de la jurisprudence du Conseil d’État relative au visa, à savoir des films à vertu masturbatoire contenant des scènes de sexe non simulées. Ne remplissant pas ces critères, les films comme Love, Nymphomaniac ou Baise-moi ne seraient plus concernés par cet article du Code pénal, mais seraient interdits aux moins de 16 ans.
INFOGRAPHIES. Selon le président ukrainien Volodymyr Zelensky, la résurgence du conflit israélo-palestinien détourne le regard de son pays. La guerre en Ukraine a certes perdu en visibilité sur les chaînes info depuis l'attaque du Hamas contre Israël, le 7 octobre 2023, mais sans disparaître complètement de l'actualité. La Revue des médias vous dévoile des chiffres inédits.
Quel programme pour le numérique, la presse, l'audiovisuel et les industries culturelles ? Extraites de son programme et de ses prises de positions publiques, voici les propositions du candidat de La France insoumise.