L’industrie du jeu vidéo repose sur une économie très capitalistique, des coûts de production élevés (selon le type de jeu) et des temps de productions plus importants que le cinéma. Les producteurs de jeu indépendants sont le premier maillon de la chaîne de production, développent seuls les premiers éléments du jeu (univers graphique,
gameplay, scénario) avant de chercher rapidement un éditeur (comme Ubisoft, Activision ou encore EA) qui prendra en charge une grande part du budget de production et assurera la promotion et la commercialisation du produit. Pour les entreprises françaises, essentiellement des petites PME de moins de 5 ans faiblement capitalisées, l’accès à des sources de financement diversifiées est une nécessité.
Les « fonds TEPA », déjà mobilisés dans le milieu du cinéma et de l’audiovisuel, commencent cette année à lorgner vers le jeu vidéo. Ce dispositif d’incitation fiscale à l’investissement, créé par
la loi en faveur du Travail, de l’Emploi, et du Pouvoir d’Achat de 2007 (le fameux « paquet fiscal »), accorde une réduction de 50 % des montants investis sur l’impôt de solidarité sur la fortune (ISF), ou de 18 % sur l’impôt sur le revenu, pour les particuliers qui investissent au capital de PME. Imaginé pour soutenir la capitalisation du tissu de PME françaises, le dispositif est utilisé depuis plusieurs années par des PME du secteur du cinéma et de l’audiovisuel pour financer la production d’œuvres. Au global, les fonds TEPA lèvent env
iron 800 millions d’euros par an, tous secteurs confondus, une source de financement que les acteurs du jeu vidéo devraient donc surveiller de très près.
À l’occasion du Videogame Economics Forum d’Angoulême, la question du rapprochement de ces deux mondes a été abordée par Arnaud Bertrand, gestionnaire des fonds d’investissements ISF Cinéma, et Philippe Banakas, de 123 Capucines. Ces deux fonds TEPA existent depuis 2008, et ont contribué au financement de films aussi variés que Des Hommes et des Dieux (Xavier Beauvois, 2010), Un amour de jeunesse (Mia Hansen Love, 2010), Les Combattants (Thomas Cailley, 2014), ou encore le prochain Réparer les vivants (Katell Quillévéré, 2016). ISF Cinema aurait levé quelques 70 millions d’euros en une dizaine d’années, essentiellement auprès de particuliers s’acquittant de l’ISF et désireux de diversifier leur portefeuille d’investissement. Pour ces fonds, l&rsqursquo;industrie du jeu vidéo est un front pionnier qui mérite toute leur attention, une opportunité d’investissement supplémentaire, dans une économie en plein essor.