Entre la fin juin et la fin août 2012, la SARFT[+] NoteState Administration of Radio, Film and Television. , l'Administration d'État en charge de la radio, du film et de la télévision, a imposé une phase de « protection du cinéma national », qui a pris la forme d'un boycott partiel des films en provenance de l'étranger. Par cette mesure, la SARFT a souhaité aider les films chinois ainsi que les co-productions tournées en langue chinoise à réaliser des recettes satisfaisantes, sans avoir à subir la concurrence des super-productions américaines.
L'initiative de la SARFT a été motivée par un premier semestre 2012 désastreux pour les professionnels du cinéma chinois : sur cette période, les films en provenance des États-Unis ont raflé environ 70 % des recettes sur les entrées dans les salles chinoises, alors que les films développés sur le territoire chinois ont à peine atteint 10 % des recettes. Les films américains ont accaparé la première place du box office – et souvent les trois ou quatre premières places – chaque semaine depuis le début de l'année 2012 jusqu'au commencement du blocage, le 25 juin.
En imposant le boycott des films étrangers, la SARFT n'a aucunement enfreint les règles du commerce international. L'un des principaux lobbyistes de l'industrie hollywoodienne, Greg Frazier, conseiller politique en chef de la
Motion Picture Association of America (MPAA), a lui même reconnu que les Chinois n'avaient commis aucun faux pas : « Vont-ils à l'encontre des normes définies par l'OMC ? Il ne me semble pas. » L'argument n'a cependant pas empêché les dirigeants de plusieurs grands studios hollywoodiens de dénoncer une « manipulation de marché » et des « pratiques commerciales déloyales ». Il semblerait que les dirigeants de Sony Pictures et Warner Bros se soient plaints du fait que deux de leurs films respectifs,
The Amazing Spider-Man et
The Dark Knight Rises, aient été délibérément mis en compétition par la SARFT, qui a décidé qu'ils sortiraient le même jour, dans le but d'affecter leurs recettes.
Maintenant que la phase de protection du cinéma national est arrivée à son terme et que les films étrangers dominent à nouveau le box office chinois, il paraît intéressant d'évaluer le bilan effectif du boycott et de voir dans quelle mesure la SARFT a atteint ses objectifs.
Il est intéressant de se pencher, en premier lieu, sur les chiffres. Le graphique ci-dessous présente les résultats au box office chinois, sur l'ensemble des salles du pays, pendant, mais aussi avant et après le blocage des films étrangers. Le barres colorées en rouge représentent les recettes réalisées par les films chinois et les co-productions en langue chinoise ; les barres en bleu indiquent les recettes pour les films américains ; enfin, les barres vertes comptabilisent les recettes pour tous les films étrangers non-américains.
Au regard de ces chiffres et du contexte dans lequel a été déployé le plan de blocage, nous pouvons tirer plusieurs conclusions :