L’obscure clarté de la société numérique
Byung-Chul Han s’en prend, dans ce pamphlet, à la dimension autoritaire de l’idéologie de la transparence communément associée à Internet.
Byung-Chul Han s’en prend, dans ce pamphlet, à la dimension autoritaire de l’idéologie de la transparence communément associée à Internet.
En 2013, a paru Le Cercle, roman dystopique de Dave Eggers dans lequel une société totalitaire, dominée par un pseudo-Google hyperpuissant, reposait sur l’obsession de la transparence. La même année a vu paraître, en allemand, cet essai percutant du philosophe Byung-Chul Han traduit en français par Olivier Mannoni en 2017. Que le fait de diffuser une idéologie de la transparence soit le moyen sans doute le plus efficace pour mettre en place une surveillance massive n’est pas une idée nouvelle. 2013 est cependant l’année du « basculement » de l’imaginaire lié à Internet, selon Dominique Cardon(1) , le moment où l’on commence à le percevoir comme moyen de domination et non plus seulement comme outil d’émancipation. C’est l’année du cas Snowden, c’est-à-dire la période où le monde entier a pu comprendre que la numérisation et les données pouvaient aider à la création d’une société de contrôle global.
On s’auto-exploite, en dépassant nos limites, sans besoin d’un dispositif coercitif nous imposant de travaillerOr, la société de contrôle dans son acception deleuzienne est une question abordée par Byung Chul Han, qui y voit une évolution du concept de panoptique(4) >. Le panoptique de Bentham était un modèle de prison où à partir d’une tour centrale, un gardien, pouvait contrôler la totalité des cellules construites autour. Il s’agit donc d’un dispositif de pouvoir basé sur la visibilité des individus – la transparence de leurs actions, pourrait-on ajouter aujourd’hui. Le panoptique digital serait d’un nouveau genre : la distinction entre le centre et la périphérie disparaît entièrement. « La singularité du panoptique digital – affirme Byung Chul Han – se tient à ce que ses habitants collaborent eux-mêmes activement à son entretien en se donnant en spectacle et en se dévoilant » (p. 85). Point de vue qui n’est pas sans rappeler celui des théories critiques du prolétariat cognitif de Michael Hardt et Antonio Negri, par exemple(5) . On a un sentiment de liberté, car précisément le capitalisme exploite ces libertés. Le burn-out en est l’exemple le plus clair : on travaille jusqu’à en mourir ; on s’auto-exploite, en dépassant nos limites, sans besoin d’un dispositif coercitif nous imposant de travailler(6) .
Réintroduire de la distance signifie aussi réinstaurer un régime de responsabilité et de respectLe mot le plus intéressant évoqué par Byung Chul Han est sans doute et précisément celui de distance. S’agissant d’une société d’exposition ou tout est montré et accessible, on finit par vivre dans un monde sans distance. C’est une question de respect de l’altérité. « Il manque précisément à cette contrainte de la transparence cette "tendresse" qui ne signifie rien d’autre que celle du respect face à l’altérité que l’on ne peut totalement éliminer. » L’exposition de soi dans les réseaux sociaux ; les haters qui attaquent des profils sur Twitter –ce que dans un autre ouvrage, Byung Chul Han appelle la nuée numérique(9) : ces phénomènes révèlent un manque de distance. Lorsque tout est accessible, proche et disponible, réintroduire de la distance signifie aussi réinstaurer un régime de responsabilité et de respect. Le monde actuel est un « marché sur lequel les intimités sont exposées, vendues et consommées » (p. 64) La représentation, qui implique une mise en scène, et donc une distance, cède alors le pas à l’exposition.
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