Un secteur structuré par la télévision et la bande dessinée
L’animation française, en tant que secteur comme en tant qu’art, est fermement ancrée sur deux piliers robustes : la télévision d’une part, la bande dessinée d’autre part.
Financièrement, les chaînes de télévision tirent le secteur. En 2008, France Television achetait 23,8 millions € (soit 153 heures) de programmes d’animation à destination de la jeunesse (répartis ainsi : 1,9 million € pour France 2, 18,2 millions € pour France 3, et 3,7 millions € pour France 5), et TF1 7, 8 millions € (46 heures). Des chaînes spécialisées fleurissent sur la TNT (Gulli, Boomerang), le câble et le satellite (Cartoon Network, Disney Channel...). Beaucoup de programmes sont importés sur les chaînes privées, mais les chaînes publiques achètent principalement des séries françaises. Récemment, des programmes courts à destination d’un public adulte sont commandés par des chaînes généralistes : Silex and the City, par exemple, programmée par Arte.
Silex and the City, épisode « Le feu de l'amour »
Plusieurs acteurs se partagent le marché, parmi lesquels le groupe Moonscoop, le groupe Media-Participations et Xilam, trois entreprises aux profils et parcours bien distincts.
Ces studios ont en commun une activité d’exploitation de licences issues du monde de la bande dessinée. Moonscoop exploite la license Titeuf. Les studios Ellipsanime Productions, Dargaud Media et Dupuis Audiovisuel, tous trois intégrés au groupe Media-Participations, travaillent respectivement sur
Les Aventures de Tintin, Babar, Corto Maltese et Léonard (Ellipsanime),
Boule et Bill, Valérian et Laureline et
Garfield & Cie (Dargaud Media), et Spirou, Flash Gordon,
Jojo,
Cédric,
Papyrus et
Kid Paddle (Dupuis Audiovisuel). Enfin, Xilam produit les séries
Lucky Luke,
Les Daltons, et
Rantanplan tirées des personnages de l’œuvre de Morris. Les trois studios n’ont cependant pas le même rapport aux licences : pour Moonscoop et Xilam, les séries ont nécessité la négociation et le rachat des droits ; dans le cas de Media-Participation, les productions bénéficient de synergies existantes avec les éditeurs du groupe (Dargaud, Lucky Comics, Le Lombard, Dupuis...) pour lesquels les séries constituent une forme de diversification des revenus.
Au croisement des industries de la bande dessinée et de l’animation, Angoulême apparait rapidement comme un lieu incontournable. Pour son Festival international de bande dessinée d’une part, mais aussi pour son pôle de création audiovisuel spécialisé dans les métiers de l’image animée, Magelis, qui concentre les studios de Moonscoop, Dargaud Média, ou encore Normaal Animation (les studios à l’origine de la série
Avez-vous déjà vu, diffusée sur Canal +), ainsi que plusieurs écoles d’animation.
Les studios français produisent aussi de nombreuses licences originales. Xilam a été rendu célèbre par ses fameux
Zinzins de l’espace, créés en 1995, suivis d’
Oggy et les Cafards (1997),
Ratz (2001),
Zig et Sharko (2010) etc... Moonscoop a créé la série
Code Lyoko, qui a connu un succès international, Millimage la série
Lascars, par la suite adaptée au cinéma.
D’autres studios français produisent des séries animées : Gaumont Animation (ancien Alphanim) est célèbre pour sa série
Franklin la torture ; Blue Spirit Animation, récemment mise à l’honneur par son remake de la série
Les Mystérieuses Cités d’or ; Marathon, filiale de Zodiak Entertainment, avec
Rekkit ou
Le Marsupilami ; ou encore CyberGroup Studio, avec
Zou, et
Nina Pedalpo...
Mais le métier change, et entre dans une escalade technologique (et financière). La plupart des studios produisent désormais des séries animées en 3 dimensions :
Garfield,
Le Manège Enchanté,
Le Petit Prince...