L’animation française est un secteur paradoxal : quelques fleurons, reconnus pour leurs qualités artistiques et plébiscités par le public, polarisent un secteur essentiellement tenu par la télévision et ne parvenant pas vraiment à se mettre au niveau de la puissance économiques des films américains.
Un rapport du CNC publié en 2012 analyse le secteur à la loupe : 355 heures de programmes audiovisuels d’animation produits dans l’année, à un coût moyen de 593 250 € de l’heure. L’animation représente 10 % de la production audiovisuelle française (en heures produites)
L’animation représente 10 % de la production audiovisuelle française en heures produites., mais compte pour 33 % de ses exportations ! Les films d’animation représentent 2,6 % des films français produits entre 1998 et 2008 (2,9 % en moyenne entre 2008 et 2011), pour environ 5 % des investissements. Plus chers à produire, les films d’animation (toutes nationalités confondues) font aussi l’objet de plus de promotion publicitaire lors de leur sortie en salle, sont montrés dans plus de salles et restent en moyenne plus longtemps à l’affiche. Ces chiffres cachent de grandes disparités : un film d’animation français réalise en moyenne 509 000 entrées (254 000 entrées en 2008), alors qu’un film américain en génère 2 millions (2,1 millions en 2008)... À la télévision, les chaînes historiques diffusent un peu moins de 4 000 heures de programmes animés (3 849 heures en 2011), soit 7,3 % en 2011 de leur grille. France 5, France 3 et TF1 sont les principaux diffuseurs, en majorité le matin ; les productions françaises dominent (40,8 %), suivie des américaines (30,6 %) ; étrangement, les productions japonaises (comme celles de Toei Animation) sont très minoritaires (la catégorie des autres nationalités, principalement des productions japonaises, australiennes et canadienne représente 17,8 %). Enfin, la distribution vidéo des longs métrages d’animation représente 17,4 % des ventes totales (81,7 % du CA est effectué par les films américains – produits par exemple par Disney ou DreamWorks).
L’animation française, en tant que secteur comme en tant qu’art, est fermement ancrée sur deux piliers robustes : la télévision d’une part, la bande dessinée d’autre part.
Financièrement, les chaînes de télévision tirent le secteur. En 2008, France Television achetait 23,8 millions € (soit 153 heures) de programmes d’animation à destination de la jeunesse (répartis ainsi : 1,9 million € pour France 2, 18,2 millions € pour France 3, et 3,7 millions € pour France 5), et TF1 7, 8 millions € (46 heures). Des chaînes spécialisées fleurissent sur la TNT (Gulli, Boomerang), le câble et le satellite (Cartoon Network, Disney Channel...). Beaucoup de programmes sont importés sur les chaînes privées, mais les chaînes publiques achètent principalement des séries françaises. Récemment, des programmes courts à destination d’un public adulte sont commandés par des chaînes généralistes : Silex and the City, par exemple, programmée par Arte.
Plusieurs leviers permettent à l’animation française de poursuivre sa trajectoire ascensionnelle : un ensemble d’écoles performantes, reconnues mondialement pour leur qualité, et qui attirent de plus en plus d’étudiants (les Gobelins, Supinfocom, La Poudrière, George Méliès...) ; un mécanisme de financement mis en place par le CNC (crédit d’impôt ouvert aux films d’animation) ; un Festival international du Film d’Animation à Annecy, créé en 1960 et dont la direction artistique est assurée par Serge Bromberg ; et enfin des politiques locales en faveur des filières d’excellence, comme à Angoulême bien sûr, ou encore à Bourg-les-Valence (Drôme), où les studios Folimage (La Prophétie des Grenouilles, Mia et le Migou, Une Vie de Chat) occupent l’espace de la Cartoucherie, friche industrielle également occupée par l’école La Poudrière.