Après avoir commencé par distribuer ses films dans ces pays, le studio mise sur la production, notamment avec le support financier d’Anton Capital Entertainment
, un fonds américain basé au Luxembourg qui investit sur les productions internationales telles que
Tinker Tailor Soldier Spy, produit par StudioCanal et Working Title, réalisé par le Suédois Tomas Alfredson avec des acteurs britanniques (Gary Oldman, Colin Firth, Tom Hardy) pour un budget de 30 millions de dollars. Avec l’internationalisation du groupe,
le line-up
est désormais articulé autour de quatre axes : le cinéma indépendant international (
Tinker Tailor Soldier Spy,
Inside Llewyn Davis), le cinéma familial (
Sammy 2), le cinéma de genre de qualité (
The Last Exorcist) et la production locale évènementielle (les comédies notamment). StudioCanal est d’ores et déjà investi sur de plus gros projets, comme l’adaptation du célèbre livre pour enfant
Paddington pour un budget de 38,5 millions d’euros (avec Colin Firth et Nicole Kidman dans les rôles principaux). En s’appuyant sur des genres bien identifiés (le film d’espionnage, le film pour enfants…), StudioCanal peut ainsi prétendre atteindre les principaux marchés européens et extra-européens. Mais les films produits ne sont pas seulement portés par des réalisateurs européens : des réalisateurs indépendants américains, comme David Cronenberg (
A Dangerous Method) ou les frères Cohen (
Inside Lewin Davis) sont aussi soutenus par le studio. Pour les années à venir, la tendance est accentuée avec l’entrée en production de plusieurs projets internationaux, tels que
MacBeth, en coproduction avec Film4, réalisé par Justin Kurzel avec Michael Fassbender et Marion Cotillard,
Shaun le Mouton, par les studios Aardman (
Wallace et Gromit), ou encore une nouvelle adaptation d’un roman de John LeCarré,
Our Kind of Traitor en coproduction avec Film4 et The Ink Factory. Cette nouvelle stratégie semble réussie : tandis que
Indigènes, le plus gros succès de StudioCanal en 2006, avait engrangé 22 millions de dollars (dont 20 millions en France) pour un budget de 19 millions de dollars, et que
Fauteuils d’Orchestre avait réuni 17 millions de dollars (dont 12 millions en France) pour un budget de 11 millions de dollars,
Tinker Taylor Soldier Spy, porté aux États-Unis par Focus Features, a rapporté 80 millions de dollars en 2011 (dont 24 millions aux États-Unis, 22 millions au Royaume-Uni et 5 millions en France) pour un budget de 20 millions de dollars. L’organisation de ce processus de production internationale est original : « Nous ne sommes pas vraiment décentralisés, mais ce n’est pas non plus une logique
top-down comme aux États-Unis. En fait, les filiales ont une autonomie dans l’exploitation, mais pour la production elles collaborent entre elles, elles ont des contacts hebdomadaires et sont totalement impliquées dans le processus. Il faut évidemment que les projets aient une assise européenne suffisamment forte en termes de marché, et cela passe bien sûr par des estimations de ces trois principaux territoires. Pour d’autres projets, comme NonStop avec Liam Neeson, les États-Unis font totalement partie de la stratégie. Le choix de la territorialité du film vient vraiment du projet lui-même et de son mode de financement. Nous avons en ce moment un projet anglo-allemand, produit, financé et filmé en Allemagne, dont le sujet est international », rappelle Rodolphe Buet.