En Géorgie, l’hostilité monte contre les journalistes
Après l’adoption d’une loi sur l’influence étrangère, les médias indépendants, directement visés, voient leur avenir menacé et un climat de pression monter à leur encontre.
INFOGRAPHIES. La Revue des médias révèle des données inédites : au cours de la seconde année de conflit, la couverture de la guerre a été divisée presque par quatre dans les JT de 20 heures par rapport à la première année, par presque trois dans les matinales radio et par deux sur les chaînes info.
Deux ans après l'invasion russe en Ukraine, quel est l'état du paysage médiatique russe ? Et comment les citoyens adoptent ou contournent l'offre qui leur est proposée ? Entretien avec la chercheuse Marlène Laruelle.
Aux premiers jours de l’invasion de l’Ukraine, la fermeture de la radio Écho de Moscou a constitué un point de non retour pour la liberté des médias en Russie. Mais ses journalistes, disséminés à l’étranger pour la plupart, ont réinventé leurs pratiques pour continuer à informer leurs auditeurs.
Dojd, la dernière chaîne indépendante de Russie, a dû fermer une semaine après le début de la guerre en Ukraine. Réfugiés à l'étranger, ses journalistes se sont lancés dans un projet audacieux : reconstruire leur média de l'extérieur.
Alla vit en France depuis huit ans mais ses parents et sa sœur habitent en Russie et croient que Poutine dénazifie l’Ukraine. Ils s’informent exclusivement via les deux chaînes de télévision nationales. Malgré ce « fossé infranchissable » dû à des décennies de propagande, Alla essaie de ne pas perdre le lien, mais se sent encore plus démunie face aux récentes lois russes criminalisant les « fausses informations ».
La guerre en Ukraine est récupérée par les producteurs français de désinformation. On y croise des apprentis journalistes qui jouent aux pieds nickelés en Ukraine pour y déverser leur rejet de l'immigration. Des groupes Telegram qui crient à la « censure » après l'interdiction de RT (ex-Russia Today) en France. Et même Booba et ses 5,6 millions d'abonnés sur Twitter. Récit.
Petit à petit, Moscou a renforcé son contrôle sur l’Internet en Russie, mais sans jamais parvenir à museler l’usage militant. À partir du 1er décembre, une nouvelle loi instituera un « Internet souverain » et vise à maîtriser complètement les infrastructures sur le territoire russe.
De leur origine en 2010 à leur coup d’éclat lors de la présidentielle américaine de 2016, retour sur les « usines à trolls » russes à travers le cas de l’Internet Research Agency. Une organisation toujours mystérieuse et dont l’impact des manipulations reste à déterminer.
Plusieurs dizaines de médias en ligne, chaînes de télévision d’information en continu, stations radio et comptes sur les réseaux sociaux. RT et Sputnik peuvent rappeler d’autres dispositifs d’audiovisuel extérieur public, mais s’en distinguent par la nature offensive de leur ligne éditoriale, souvent critiquée.
En Russie, la démarcation entre médias « loyaux » et indépendants est évolutive. La parole officielle se glisse avec succès dans de nouveaux formats sur Internet. Et si la parole indépendante n’a pas disparu, elle est confinée à des espaces marginaux. Ces reconfigurations ne sont pas synonymes de démocratisation de l’espace public.
Alors que Facebook reste le réseau social numéro un dans le monde, certains services nationaux resistent, comme VKontakte et Odnoklassniki en Russie et dans les pays limitrophes. Entretien avec Ilya Kiriya sur ces deux réseaux qui sont l’objet d’une lutte politique et économique.
Depuis 2000, la présence médiatique russe à l’international s’est considérablement étoffée. Des médias comme Sputnik et RT inquiètent par leur stratégie d’influence, notamment lors de la présidentielle française en 2017. Un révélateur des reconfigurations médiatiques contemporaines.