BFM au meeting de Valérie Pécresse le 13 février

Philippe Corbé, chef du service politique de BFM TV, lors de l'édition spéciale en direct du meeting de Valérie Pécresse le 13 février dernier. 

© Crédits photo : Capture d'écran BFM TV / Justine Babut

BFM TV s’installe au cœur des meetings pour « sentir l’odeur de la campagne »

La chaîne info a installé son plateau au cœur des salles de meetings, un dispositif qu'elle est pour l'instant la seule à mettre en place.

Temps de lecture : 4 min

Le 5 février à Lille et Reims pour les meetings d’Éric Zemmour et de Marine Le Pen, le 13 février à Paris pour celui de Valérie Pécresse : depuis deux semaines, BFM TV a décidé de déployer de nouveaux moyens pour couvrir la campagne présidentielle. En plus des reporters envoyés sur les lieux des grands meetings, la chaîne info a carrément installé un plateau au cœur de la salle. Le 13 février, la chaîne était dès 14 heures en édition spéciale, avec toute une équipe de journalistes sur place, alors que le discours de Valérie Pécresse ne démarrait qu’1 h 46 plus tard… 17 h 03, fin du discours : l’équipe rendra l’antenne à 17 h 23. Un dispositif que BFM TV est la seule à mettre en place et qui coïncide avec la montée en régime des candidats, à presque cinquante jours du premier tour.

Pourquoi maintenant ?

« Cette idée est née d’une frustration après le meeting d’Éric Zemmour à Villepinte, relate Philippe Corbé, chef du service politique de BFM TV. Il venait de se déclarer candidat, beaucoup de questions se posaient, notamment sur la manière dont il se comporterait face à autant de monde, et il y a eu des incidents dans la salle où nos équipes ont été prises à partie. J’aurais aimé qu’on y soit pour raconter ce qui se passait car un meeting, ce n’est pas juste le discours du candidat, c’est aussi une salle et une ambiance. » Deux mois plus tard, Philippe Corbé était installé dans la salle du Grand Palais de Lille où 10 000 personnes étaient venues écouter le candidat d’extrême-droite. Le présentateur Maxime Switek voit deux avantages à ces délocalisations : « Se remettre au contact des militants et voir de nos propres yeux ces images ou ces phrases qui peuvent renforcer ou affaiblir un candidat. L’odeur physique de la campagne, elle est dans les meetings. » Les téléspectateurs sont plutôt au rendez-vous, avec 330 000 personnes dimanche en moyenne (4 millions en cumulé) pour suivre le meeting de Valérie Pécresse.

Les précédents

Ce n’est pas la première fois que BFM TV prend ses quartiers parmi les spectateurs d’un meeting de campagne. Elle avait inauguré ce concept il y a déjà dix ans avec sa journaliste star, Ruth Elkrief. Si la cohabitation entre le média d’information en continu et les spectateurs se passe globalement bien, en 2012, à Toulon, Ruth Elkrief et son collègue Thierry Arnaud avaient été menacés lors d’un meeting de Nicolas Sarkozy. « Il y a une atmosphère assez désagréable tout autour de nous, les militants nous agressent, nous prennent à partie », disait alors la journaliste de BFM TV à l’antenne. Ciblés par des crachats, traités de « collabos », insultés et même victimes de lancers de bouteilles, les deux présentateurs avaient dû être secourus par le service de sécurité de l’UMP. Pas de quoi décourager les dirigeants de BFM TV. Hervé Beroud, ex-patron de BFM TV et aujourd’hui directeur de l’information et des sports du pôle audiovisuel du groupe Altice Média, rappelle : « C’est dans l’ADN de notre chaîne de se délocaliser au cœur des grands meetings et cela permet de rappeler que BFM TV, c’est l’événement, le direct et le terrain. Ce genre de dispositif est d’autant plus important qu’il permet d'être en contrepoint des images fournies par les candidats et de réaliser un travail journalistique plus complet. » Plus d’une dizaine de personnes sont détachées sur place contre au moins la moitié pour une diffusion classique, un luxe qu’en effet, seule BFM peut se permettre. La facture ? On ne nous répondra pas…

Un œil en coulisses

« À Reims, pour le meeting de Marine Le Pen, je n’entendais pas ce que me disait Amandine Atalaya, qui était pourtant à quarante centimètres de moi », rigole Maxime Switek. Il a donc fallu régler quelques problèmes techniques après le 5 février, à commencer par charger les oreillettes des journalistes.

Au Zénith de Paris, l’éditorialiste maison, Amandine Atalaya, a profité de cette situation privilégiée pour quitter le plateau et suivre le discours de Valérie Pécresse dans la salle avec les militants, et ainsi avoir leurs réactions à mesure que la candidate LR parlait. Un travail de reportage qui, selon Philippe Corbé, permet aux « gens de la chaîne sur place [de raconter] ce qui vient de se passer, là où habituellement on fait parler, en studio, des gens qui ont regardé le meeting devant une télévision ». Ce qui engendre des différences d’analyse. Le chef du service politique de BFM TV raconte ainsi la « grosse discussion » qui a suivi entre ceux qui, comme lui, étaient dans la salle et ceux qui ont regardé Valérie Pécresse à distance : « Ils nous ont trouvé indulgents sur la forme du discours et ces moments de silence qu’eux percevaient à la télé alors que  nous, nous entendions les militants faire du bruit. »

Les équipes de BFM TV avaient aussi négocié une réaction de Valérie Pécresse à sa descente de scène, « à la manière dont on demande trois mots au vainqueur d’une étape du Tour de France à son arrivée », dixit Philippe Corbé.

Pour la suite, seuls Jean-Luc Mélenchon, probablement le 20 mars pour son grand meeting parisien, et Emmanuel Macron, une fois qu’il sera officiellement dans la course, bénéficieront de cette couverture extensive. Les autres candidats devront se contenter d’une diffusion classique et la chaîne cessera purement et simplement toute retransmission de ces rassemblements à partir du 28 mars, date du début de la campagne officielle et donc de l’application de la stricte égalité de temps de parole entre les candidats.

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